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A- La maîtrise des trajectoires.
 

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A : Zone Grise : La maîtrise des trajectoires

La problématique qui s’impose en permanence à l’artilleur trouve son expression dans cette zone.

La pièce, de 80mm de montagne de Bange modèle 1878, située en entrée, est là pour rappeler :

  • que ce matériel ne tire qu’en tir tendu, à vue directe, tout comme on continue de le faire en autodéfense (tir tube à zéro), ou comme on le fait encore avec d’autres systèmes que les canons, comme le missile Roland (suspendu au-dessus), dans la lutte contre les avions ;
  • que c’est la pièce qui est transportée par les artilleurs de montagne représentés sur le grand tableau, au centre du mur.

Avec l’allongement des portées, à laquelle on assiste dès la fin du XIXème siècle et cela se perpétue avec les matériels les plus modernes, on est amené à pratiquer le tir courbe (angle de tir jusqu’à 45°) et vertical (angle supérieur à 45°). L’objectif n’est plus vu des pièces car on tire au-delà de l’horizon pour atteindre des cibles dans toute la profondeur du terrain, jusqu’à limite de portée, même à contrepente et dans les retranchements.

Pour cela l’artilleur va devoir se reposer sur un ensemble de moyens techniques pour obtenir et conserver la maîtrise technique des trajectoires (balistiques, notamment).

C’est ce que nous voulons vous montrer en quatre étapes :

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Espace maîtrise du milieu

Avant de lancer un projectile, ayant une phase balistique dans sa trajectoire, l’artilleur a besoin de disposer d’éléments qui l’aident à appréhender le milieu où il se trouve et à le prendre en compte pour le tir :

  • ce sont les éléments géographiques, qui appréhendent le milieu physique et humain ;
  • ce sont les éléments climatiques (ou aérologiques).

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La plupart des données géographiques lui proviennent d’un travail, au préalable ou en accompagnement, effectué par les géographes militaires. Ils ont à leur charge de fournir les cartes de la zone d’engagement (voire de les réaliser ou actualiser) et les points de référence, utiles aux artilleurs topographes pour déterminer les coordonnées des pièces, et fournir une orientation pour la mise en direction des pièces.

Les moyens utilisés sont présentés en partie dans les vitrines, ou mis sur des trépieds.

  • Voir le fonds de cartes, allant de la Carte de Cassini à la carte d’aujourd’hui, en passant par la carte d’état-major qui fut demandée par Napoléon 1er, puis les cartes thématiques ; ce ne sont que des exemples limités des produits de la géographie militaire ;
  • Voir les croquis panoramiques élaborés par des observateurs embarqués dans des ballons et, dans la même vitrine les matériels géographiques (voir les plus récents), en service, qui ne sont pas au musée ;
  • Voir les outils des artilleurs topographes : théodolites qui mesurent les angles, les télémètres et autres appareils de mesure de distances (chaine d’arpenteur, etc.) ;
  • Voir la planche de graphiquage, les tables de calcul (trigonométriques et logarithmiques), une calculatrice scientifique pour l’exploitation des mesures.

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L’appréhension des éléments aérologiques consiste à mesurer les paramètres qui vont agir sur les trajectoires. Les projectiles sont effectivement sensibles à la résistance de l’air et à l’action du vent. Ces mesures, sont effectuées par des stations mobiles de sondage (Station Médox - Station SIROCCO) qui délivrent un "bulletin de sondage" exploité par les équipes de préparation du tir.

Les matériels présentés :

  • voir le ballon de sondage et sa nacelle contenant les instruments de mesure qui retransmettent en temps réel les signaux vers une station d’exploitation au sol .
  • voir des instruments plus usuels comme les thermomètres (température de l’air et de la poudre) , le crécerelle (température sèche et humide), la baromètre (pression) etc..

Quand on sort de cette zone, on possède une partie des éléments qui entrent dans la préparation du tir. La connaissance de la situation tactique, transmise par le niveau supérieur et les voisins, permet à l’officier qui commande la batterie de choisir son dispositif de tir et de protection pour remplir au mieux sa mission, par rapport à la direction où se trouve l’ennemi.



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Élaboration des éléments du tir

Chaque pièce exige des ordres de tir, qui lui donne la direction et l’angle du tir et le mécanisme de tir (munition, charge, fusée, nombre de coups à tirer etc.).

Aux éléments topographiques et aérologiques obtenus précédemment, s’ajoutent les éléments balistiques. Ce sont des considérations propres au type matériel utilisé et aux munitions. Pour chaque combinaison de cas, on dispose de "tables de tir" associées. On peut alors procéder à l’élaboration des éléments du tir :

  • soit par calcul (long et fastidieux),
  • soit par graphiquage,
  • soit à l’aide de calculateurs (mécaniques d’abord, puis électroniques).

Ces tâches seront ensuite automatisées avec l’arrivée de l’informatique et des ordinateurs (CETAC - ATILA - CADET - ATLAS) . Les plus modernes seront directement reliés aux appareils de mesure. Le gain en délais est considérable et permet à l’artillerie d’être de plus en plus réactive dans l’exécution des tirs.

Les matériels présentés :

  • un lot de graphiquage, longtemps utilisé pour des matériels tirant jusqu’à 20km.
  • une table de tir contenant tous les paramètres utiles au tir,
  • un banc de pointage (d’instruction) sur lequel on explique le pointage d’un canon en hauteur (angle) et en direction (azimut), à l’aide d’un goniomètre ;
  • un obusier de 75mm HM1A1 (aérolargable - USA 1920, sur lequel on voit l’emplacement du goniomètre et qui illustre le "tir plongeant" ;
  • en avant de cette pièce, un ensemble de moyens, autour d’un radar à effet doppler, appelé Medovic, qui permet de mesurer la vitesse réelle de l’obus à la sortie du canon, que l’on compare à la vitesse théorique calculée, et qui permet d’ajouter une correction qui augmente encore la capacité à atteindre à coup sûr la cible.

Nous sortons à ce moment de la zone dite "arrière" (où le lanceur et sa munition sont mis en œuvre), pour se diriger vers l’"avant", où se trouve la cible. Mais on va marquer un arrêt à une zone intermédiaire (fictive) où sont présentés les moyens pour communiquer entre les différents intervenants de la chaîne du tir.



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Les moyens de transmissions

Les distances entre les éléments constitutifs d’une chaîne d’artillerie (comprenant les détachements de liaison auprès des unités appuyées, les éléments d’observation au contact de l’ennemi, les éléments du lancement à l’arrière, les reconnaissances des positions futures, le commandement et les instances de coordination puis la logistique) ne cessent d’augmenter au cours des années.

Par conséquent il faut donner à chaque composant le moyen de communiquer avec les autres, si l’on veut améliorer le temps d’intervention de l’artillerie. Pour cela on s’appuie sur la technologie du moment. C’est le sens des moyens qui sont déployés dans le musée :

  • à cet endroit,
  • mais aussi sur certains dioramas (tranchées de 1916 - ligne Maginot - seconde guerre mondiale - décolonisation).

Au tout début, les capacités du matériel n’autorisaient pas l’éclatement du dispositif ; tout était groupé autour des pièces. Le commandement se faisait directement à la voix, puis lorsque le bruit de la bataille le nécessitait, on utilisait des signaux (optiques - Chape, ou lumineux - Morse, ou fusées éclairantes, ou tout simplement des signaux sonores : le sifflet et la trompette).

Tout à commencé à se compliquer lorsque l’on s’est mis à tirer au-delà de l’horizon visible et derrière les lignes de crête. Le directeur du tir devait alors se dissocier des pièces pour observer les tirs.

Le téléphone de campagne arrivait à point à ce moment là. Mais la généralisation de son emploi implique l’installation de lignes entre tous les intervenants qui se démultiplient, et de centraux aux extrémités des lignes, ce qui est une gageure quand le combat devient mobile. Les premiers postes de TSF arrivent à la fin de la Grande Guerre, et apportent une alternative au téléphone lorsque la liaison point à point n’est pas (ou plus) possible. Entre deux guerres on améliore les systèmes mais ils sont peu distribués. Et puis on préfère toujours le téléphone pour les longues communications de chef à chef...

Lorsque l’armée française va se reconstituer pour la reconquête (1943-1945), elle va être équipée de matériels américains dotés de postes radios performants. Ce sont les SCR à mdolation d’amplitude qui démarrent, suivis de la série ANGRC :

  • l’ANGRC 9 avec son groupe électrogène portable ("gégène"), bien utile en Indochine et en Algérie, alors que (les unités nucléaires Honest John utilisent encore le SCR 399 A)
  • la série ANGRC 5, dite de 2è génération, à modulation de fréquence (meilleure discrétion), sur véhicules, puis des postes plus légers, portables à dos d’homme, de la série PRC9 (ou PRC10 dans les troupes de mêmée). Citons au passage le plus petit poste portatif, autour du cou, le PP8.

Puis la détermination française à devenir indépendante (sortie de l’OTAN), avec ses propres moyens nucléaires, ses propres engins, conduit à développer des moyens de télécommunications nationaux :

  • d’abord la série PP13, VP13, VP213, nettement plus légère et bénéficiant des dernières technologies (transistor - fréquences stables et préréglées), aux performances améliorées.
  • enfin le dernier cri de la technologie avec l’emploi des semi-conducteurs, des circuits intégrés (puis imprimés) que sont les postes à évasion de fréquence, aux liaisons sécurisées en clair : le PR4G, qui a aussi la capacité à faire de la transmission de données, pour les besoins des systèmes de calcul et de commandement qui se développent en premier dans l’artillerie. Les télétypes complètent la gamme des moyens pour communiquer par écrit (par voie MA comme MF)...

Le système RITA [1] est mis en œuvre par l’Arme des transmissions. Mais l’artillerie dispose de moyens RITA spécialisés pour le Hawk et l’Hadès.

Matériels présentés :

Seule les moyens retirés du service sont ici représentés :

  • la trompette, le sifflet,
  • le téléphone de campagne,
  • un poste TSF (avec capacité d’émission),
  • un poste SCR américain,
  • un poste ANGRC5 (avec sa commande à distance) et un PRC9, un PP8 (ou 11) ;
  • un poste TRVP 13 avec son châssis de montage sur véhicule,
  • un télétype (qui dotait les régiments nucléaires Pluton et les régiments sol-sol avec le système ATILA),
  • un coffret "message-source" de 1ère génération, reliant les observateurs et radars de surveillance au système ATILA.



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Les moyens d’observations

Cette zone est représentative de la volonté affirmée des artilleurs à être au plus près des contacts, pour appuyer le combat des armes de mêlée. Mais il doivent aussi pouvoir intervenir au-delà, pour contre battre l’artillerie adverse et pour s’attaquer à des objectifs dans la profondeur du dispositif adverse.

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D’abord l’observation terrestre qui existe depuis l’origine, qui s’effectuait autrefois de derrière les pièces, ou de légèrement en avant se pratique désormais au plus près des troupes appuyées grâce, nous l’avons vu, à l’arrivée de moyens de communications pour garder la relation entre l’avant et l’arrière.

Mais avant d’en arriver à ce stade, rappelons le rôle essentiel de l’artillerie de repérage apparue lors de la 1ère Guerre mondiale qui mettait déjà en œuvre des moyens regroupés d’observation pour détecter les batteries adverses à vue directe, mais aussi par les lueurs et le son. Elle contribua au développement du service des renseignements de l’artillerie (S.R.A.), en coopération avec l’aéronautique et la géographie militaire. Cette fonction de renseignement restera une des deux missions des observateurs.

L’autre, aussi essentielle, étant bien sûr d’appuyer la manœuvre des troupes par le feu. L’observateur avancé va à tout instant étudier le terrain devant lui, dans les moindres détails, pour se tenir prêt en permanence à appliquer des tirs aux endroits indiqués ou les plus appropriés à l’effet désiré. Cela n’est possible que grâce à un dialogue permanent avec le commandant de l’unité appuyée, soit en contact direct, soit par radio [2].

Au début, les moyens dont il dispose sont assez limités, (bien souvent optiques : jumelles, binoculaire, TS) et son action n’est possible que par conditions de bonne visibilité. Pour pouvoir agir jour et nuit, la technologie va apporter des solutions. Les radars de surveillance du sol apportent ces capacités et facilitent la conduite du tir sur objectif mobile. Plusieurs générations de radars se sont succédés jusqu’à nos jours (SDS, RATAC-RASIT). Puis les lunettes à infrarouge, à intensification de lumière, apportent de nouvelles capacités à agir en permanence, mais sont exigeantes en énergie, elles seront alors implantées sur des véhicules dédiés à l’observation (VTT X13 d’abord, puis VOA X10 P et enfin VOA-VAB) [3]. Ces plateformes vont autoriser l’ajout de moyens de transmissions, d’orientation (chercheur de Nord), de navigation et de localisation(navigateur inertiel), de télémétrie optronique(télémètre laser) qui vont apporter aux observateurs la précision, la protection et le confort.

Une observateur terrestre est maintenant apte à diriger le tir de toutes les munitions d’artillerie. La technologie va aussi autoriser la spécialisation de certains observateurs pour la conduite des appuis aériens. Toutefois son horizon est limité à l’espace visible du sol. Or l’artillerie a besoin d’intervenir en tout endroit du terrain, notamment dans la profondeur sur l’artillerie adverse (contre batterie) puis sur des objectifs à haute valeur ajoutée (Postes de Commandement, concentrations d’unités, sites de franchissement, convois de ravitaillement, zones logistiques).

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L’observation aérienne apporte cette possibilité, avec les moyens du temps (ballons ou cerf-volants, autogire, avions, hélicoptères, drones rapides, drones lents). L’artillerie a été créatrice dans ces modes d’observation, mais a du mal à en garder seule l’usage. Il lui faut à tout instant trouver des moyens de remplacement qui permettent de donner aux lanceurs, des moyens d’acquisition des objectifs adaptés à leur performance en portée.

Du côté des radars, les radars de contre batteries de plusieurs générations se sont succédés (AN/MPQ10, AN/MPQ4, Cymbeline, COBRA). Puis on a atteint la plus importante capacité d’acquisition de flux dans la profondeur (dite de niveau "opératif") par un radar héliporté Horizon.

Matériels présentés :

  • diorama mettant en scène le dialogue d’un observateur avec un capitaine de l’infanterie, devant un plan en relief (avec la représentation d’un dispositif tactique). L’observateur dispose de ses petits matériels. Près de la rambarde, les matériels optiques pour une observation éloignée (binoculaire etc.) ;
  • simulateur de tourelle de VOA contenant tous les équipements modernes de l’observateur embarqué (sur VOA X10 ou VOA-VAB) ;
  • près de la rambarde, le missile de surveillance CL89 (son successeur sera le CL 289) ; ces missiles seront abandonnés au profit des drones lents ;
  • au-dessus de la zone, deux générations de drones (la 3ème est actuellement en service, la 4ème en cours de définition) (MART - CRECERELLE). .



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Avec la combinaison de toutes les techniques et technologies évoquées dans cette zone, il apparaît nettement que l’artillerie demeure un acteur incontournable des combats intensifs, qu’elle est une véritable assurance du succès des batailles, donc aussi de la préservation de nos forces au contact. Elle démontre sa capacité à tenir une place essentielle dans la conduite des opérations interarmes. Elle apporte également, avec sa maîtrise de la coordination des actions dans la profondeur et dans la troisième dimension, un lien direct de coopération avec les autres armées (air et mer).

A tout ce qui a été évoqué, il convient d’ajouter un Système d’Hommes, bien rôdé, où chacun apporte sa pierre au succès d’une œuvre collective à grande échelle.

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[1] Il faut citer également les moyens de communication par faisceaux hertziens, qui permettent les dialogues téléphoniques faciles de chef à chef, qui vont connaître une forte amélioration avec le système RITA (système maillé, de lignes hertziennes, plus discret donc mieux sécurisé qu’une ligne unique), utilisant la liaison numérique. Ce système offre la possibilité d’établir une liaison directe du plus haut niveau de commandement jusqu’au niveau du contact, et même l’accès au réseau numérique civile. L’intégration par moyens radios sur ce réseau est aussi possible. Le RITA "amélioré" va donner une capacité à relier les systèmes informatiques de commandement, grâce à des lignes spécialisées en transmission de données. La porte est ouverte aux nouvelles technologies du 3ème millénaire (téléphone mobile, clés 3G, 4G ...).

[2] Ce qui implique une dotation en postes radios adaptés à l’artillerie et aux autres armes.

[3] Cette motorisation facilite l’accompagnement des unités blindées et mécanisées.






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Amis du Musée de l'Artillerie à Draguignan