Suite de l’annexe (1ère partie)
L’ensemble des positions examinées, vues sur photos et restituées par le Canevas de tir, s’élève à 59.
Toutes ces positions sont très exactement repérées, sauf deux où l’emplacement restitué (1386 et 1568) correspond à des abris situés à 50 m. où 25 m. derrière la vraie position des pièces invisible sous les arbres.
Pour quelques autres positions, quoique la restitution soit absolument exacte, et du fait qu’elle s’applique à des travaux existant réellement sur le terrain, l’interprétation est erronée en ce sens que ce qui est porté comme alvéoles de batterie correspond en réalité à des abris.
Par contre, pour des positions non vues nettement sur photos, le Canevas de tir a restitué très exactement les pistes qui y aboutissent (2772) ou des travaux dépendant de la batterie et s’y reliant parfaitement (3067).
Dans un autre cas (1368), le Canevas de tir porte avec précision quatre abris avec pistes là où sont constatés deux emplacements d’obusiers de 15.
On doit donc conserver aux restitutions du Canevas de tir l’absolue confiance qu’elles inspirent actuellement. Les indications qu’il porte sur le plan directeur se sont révélées absolument exactes.
Les rares erreurs d’interprétation de travaux qui s’y trouvent proviennent souvent du rapprochement de travaux imprécis vus sur une photographie, de repérages d’activités faite dans le voisinage immédiat.
C’est la cas pour les exemples cités plus haut.
C’est également le cas de la position 1469, le long de la route PINON-CHAVIGNON, où on a constaté seulement un caniveau téléphonique avec trois cavités (sapes) analogies à des alvéoles, mais n’ayant rien de commun avec une batterie. Cependant, à repérages précis (1 de S.R.S., 1 de S.R.O.T.) s’appliquent exactement à cette position. L’explication en est donnée par la découverte près des vallons d’un auto-canon qui circulait sur cette route. Il a d’ailleurs donné lieu à d’autres repérages de S.R.S. exactement sur cette route.
Les constatations précédemment faites s’appliquent en réalité à l’ensemble du travail de repérage contrôlé et mis au point par les S.R.A. de C.A. Les résultats montrent que ce travail a été très satisfaisant et que la mise au point des observations faites a été très convenable.
Les S.R.A. de C.A. doivent connaître à fond le fonctionnement des sections de repérage et, en particulier des S.R.S. en faisant, s’il y a lieu, un stage de quelques jours dans une de ces unités qui leur est voisine. C’est la meilleure façon de pouvoir apprécier comme il convient les renseignements donnés par les chefs de S.R.S. et pouvoir les exploiter judicieusement.
Sur l’ensemble de 90 positions examinées, 9 seulement étaient casematées soit 10% et encore ces casemates étaient-elles seulement constituées par une ou deux couches de rondins surmontés d’une tôle ondulée.
Par conséquent, l’on peut dire que l’ensemble des positions qui se trouvaient au Sud du Canal étaient justiciables des calibres normaux d’artillerie lourds en ce qui concerne les positions de pièces.
Il n’en est pas de même pour des abris à personnel qui dans beaucoup de positions, étaient très profonds, quelques-uns à près de 10 mètres de profondeur.
Beaucoup de ces abris ont été retrouvés intacts ; les autres avaient leurs entrées éboulées.
Par contre, les positions n’avaient pas d’abris et comportaient simplement des alvéoles plus ou moins établis, quelquefois même à peine ébauchés ; 5 positions étaient munies d’abris légers sans résistance et 4 d’abris en superstructure (régions marécageuses de la forêt de PINON) à 2 rangées de rondins ne pouvant résister à un tir méthodique de 155.
Les premières de ces positions étaient presque toutes des positions de fortune occupées pendant la préparation très probablement par une batterie, dont la position principale avait été soumise à un tir de destruction.
Le camouflage, en général, était très soigné, comme toujours, et composé essentiellement de matériaux trouvés dans la nature (terre, végétale, branchage, troncs d’arbres avec branches et feuillages disposés sur un treillis métallique recouvrant les emplacements des pièces).
D’autre part, discipline d’occupation très sévèrement maintenue : abords respectés, peu de pistes ; les dépôts de munitions au bord des routes, peu de circulation de voitures de ravitaillement en dehors des routes, à moins que les pistes ne soient sous bois ; quand la position est en lisière de bois aucune trace de circulation devant la lisière.
Quelques positions de ce genre en lisière de bois ou le long des routes ont échappé à nos avions en raison de ces précautions et du fait (confirmé maintes fois par les ordres du Commandant ennemi saisis dans les positions conquises) que toute position survolée par les avions ennemis doit cesser immédiatement son tir.
A signaler également une autre précaution observée par l’ennemi et constatés souvent par les S.R.S. de l’Armée, dan un certain nombre de cas et surtout quand il s’agissait soit de positions nouvelles ou de calibres nouveaux : tout tir de ces positions était accompagné d’un tir simultané effectué par une ou deux autres positions. Cette prescription suivie par l’ennemi dans différents cas a gêné souvent les S.R.S. dans leurs repérages.
Malgré ces précautions, comme on l’a vu, l’ensemble des positions était en grande partie connu de nous. Toutefois ces mesures ont empêché beaucoup de repérages sur photographies et ont gêné la précision du repérage à vue directe.
Les dépôts de munitions des batteries étaient situés, soit à la position, soit le long des routes et chemins voisins, de même qu’à certains endroits de la voie étroite de PINON, surtout entre le Château de PINON et la ferme de ROSAY. Dans les batteries, en général, les quelques dépôts qui restent en état montrent que l’ennemi cherche à soigner ses munitions en les plaçant dans des abris étanches plus ou moins bien achevés, suivant les moyens dont il dispose.
L’examen de l’ensemble des positions vues sur le terrain montre que les effets de nos tirs se répartissent de la façon suivante :
Destruction totale | 50% |
Destruction partielle, mais suffisante | |
pour rendre la position intenable | 7% |
Position bombardée, mais sans densité suffisante | |
du tir pour la rendre intenable | 19% |
Sans tir systématique | 24% |
L’ensemble des tirs efficaces de destruction s’établirait donc à 57%. Les tirs se rapportant plutôt à la neutralisation se monteraient à 19%. Ce fait tient surtout au mauvais temps et à la brume qui a gêné les réglages pendant plus de la moitié de la préparation.
Par contre, la proportion de positions n’ayant pas subi de tir systématique semble forte : 24%. Il faut toutefois tenir compte de ce fait qu’une bonne partie de ces positions (plus de la moitié) comprend des positions de fortune occupées pendant l’attaque, et le reste est composé d’emplacements trouvés sans matériel, ou non repérés comme très bien camouflés et n’ayant jamais tiré quand ils étaient survolés par nos avions (positions le long des routes en particulier).
Les destructions de positions, surtout là où les 272 et 280 ont été tirés, sont complètes. Le sol est bouleversé, des pièces détruites, des casemates et abris effondrés.
Le matériel retrouvé sur les positions et endommagé ne donne pas une idée complète des pertes en matériel subies par l’ennemi. De l’interrogatoire des prisonniers, il ressort, en effet, que pour un certain nombre de positions le matériel hors de service a pu être retiré et remplacé. Dans une position de 150, trois pièces ont été mises hors de service. Remplacées le lendemain, les 3 nouvelles pièces, retrouvées d’ailleurs sur le terrain, ont été de nouveau mises hors de combat par nos tirs.
Les seuls ravitaillement partiels ou relèves qui ont pu avoir lieu et à grand-peine au dire des prisonniers, l’ont été pendant les quelques heures où nos tirs d’interdiction fléchissaient, ce qu’ils ont observé très généralement entre 4h et 7h du matin.
Quelques tirs d’interdiction sévères sur des carrefours ont été non seulement efficaces sur la circulation, mais également sur des positions voisines mal connues (3067 par exemple).
De toutes ces constatations, on peut conclure :
Le chef d’escadron
Chef du S.R.A. de l’Armée
VOILLAUME
VU :
Le Général Commandant
l’Artillerie de la VIe Armée.