Histoire de l’Artillerie, subdivisions et composantes. > 1- Histoire de l’Artillerie > Histoire des grandes batailles de l’artillerie française >
1854 - La bataille de Solférino
 

Solferino

Après la victoire de Magenta qui n’a pas été décisive, l’armée franco-piémontaise cherche à obtenir une victoire décisive pour réaliser ses buts de guerre.

Dans la matinée du 23 juin 1859, les autrichiens réoccupent leurs anciennes positions le long de la rive droite du Mincio pour pouvoir attaquer les alliés après leur traversée de la Chiese. Mais dés le 22, ceux-ci ont franchi la rivière et se dirigent vers le Mincio en vue d’engager les autrichiens sur la coupure. En cours de journée du 23, les patrouilles des deux camps escarmouchent et rendent compte, confortant chacun dans ses intentions. En fait, sans le savoir, les adversaires se font face sur un front d’une douzaine de kilomètres. Ils vont donc être confrontés à un combat de rencontre.

A l’aube du 24 juin, les alliés s’avancent pour s’emparer de Solferino, Cavriana, Medole, Guidizzolo (français) et de Pozzolengo (piémontais). Très rapidement, les deux protagonistes sont au contact.

Les combats vont avoir un caractère très décousu et se déroulent sur des compartiments de terrain distincts : la plaine autour de Medole, les collines autour de Solferino et devant le promontoire de Cavriana pour les français et devant San Martino pour les piémontais.

A 9 heures du matin, la bataille fait rage depuis plus de trois heures autour de Solferino que cherchent à enlever le maréchal Baraguier d’Hilliers (Ier Corps) et le général Mac Mahon (IIème Corps). Les combats sont âpres, violents, à la baïonnette mais pas décisifs. Napoléon III décide alors d’engager une partie de la Garde pour emporter la décision, mais les autrichiens poussent également des renforts. Pour débloquer la situation, le général Lebœuf hisse de l’artillerie sur les monts Mezzana et Carnal qui foudroie les points d’appui adverses de Solferino (cimetière, église et château) et tente d’écraser sa rivale. Bien que les résultats soient probants, ils ne sont pas suffisants. Aussi, vers 12 heures 30, la Garde tente un mouvement tournant en direction de Cavriana. Vers 14 heures 30, les français pénètrent dans Solferino, s’emparent du mont des Cyprès tenu par l’artillerie adverse, détruite ou réduite au silence par celle de l’empereur. Puis la tour de Solferino est enlevée. Alors, un terrible orage éclate qui met fin aux combats. Epuisés, le moral ébranlé les autrichiens se résignent au repli.

Dans la plaine, le général Niel (IVème Corps) se trouve isolé et aux prises avec plusieurs corps autrichiens. Vers 9 heures 30, le maréchal Canrobert (IIIème Corps) arrive sur le champ de bataille et envoie des renforts au IVème Corps tout en protégeant la droite de l’armée. Pour faire refluer la Ière armée autrichienne, deux grandes batteries de quarante pièces chacune aux ordres des généraux Auger et Soleille déclenchent un feu d’enfer qui pulvérise l’artillerie autrichienne, stoppe les têtes de colonnes adverses et appuie les contre attaques de l’infanterie ou de la cavalerie. Malgré tout, le maréchal Canrobert est obligé de se rabattre sur le IVème Corps pour éviter son effondrement. A 14 heures 30, les français tiennent toujours sous la protection de l’artillerie. Un ouragan se déchaine alors sur la plaine et peu après, les combats cessent. Les autrichiens finissent là aussi par se replier. Les français occupent le terrain mais renoncent à poursuivre leur adversaire.

Si la bataille a été finalement gagnée, l’état-major impérial s’est révélé inapte à conduire la bataille (comme son adversaire d’ailleurs). La victoire a été chèrement acquise grâce à la ténacité et l’allant de l’infanterie, l’opiniâtreté de la cavalerie et la supériorité technique et matérielle de l’artillerie. Face à une armée bien équipée et manœuvrante le résultat eut été tout autre. Les enseignements ne seront pas tirés d’où les déboires et les échecs de 1870-1871.


____________

Base documentaire des Artilleurs