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1940- Campagne du 18è RAD
 

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Cet article est extrait d’un essai de Monsieur Remy Scherer, passionné d’histoire militaire. Pour voir cet essai au complet, cliquer sur ce lien.

18e REGIMENT D’ARTILLERIE DIVISIONNAIRE

1939-1940

Création

Le 18° RAD est recréé à Vannes le 9 septembre 1939 par le CMA 11 (Centre Mobilisateur d’Artillerie) de Nantes. Il est aux ordres du lieutenant-colonel d’artillerie coloniale David et fait partie de la 22° DI commandée par le général Hassler. L’infanterie divisionnaire est commandée par le général Béziers de Lafosse et l’artillerie divisionnaire par le colonel Lalande.

Cette division comprend : les 19°, 62° et 116° régiments d’infanterie, le 24° GRDI, les 18° et 218° RAD. Elle est du type « Série A » donc formée de réservistes.

Organisation

Le 18° RAD est un régiment hippomobile.

Sa composition est la suivante :

  • Etat major et batterie hors rang : 7 officiers, 137 hommes.
  • I° groupe (12 canons de 75 mm)
    • Etat-major : 6 officiers, 92 hommes
    • 1° batterie : 3 officiers, 128 hommes pour 4 canons de 75 mm et 6 caissons
    • 2° batterie : 3 officiers, 128 hommes pour 4 canons de 75 mm et 6 caissons
    • 3° batterie : 3 officiers, 128 hommes pour 4 canons de 75 mm et 6 caissons
    • Colonne de ravitaillement : 5 officiers, 175 hommes pour 9 caissons
  • II° groupe (12 canons de 75 mm) : même composition que I° groupe
  • III° groupe (12 canons de 75 mm) : même composition que I° groupe

Au total, cela représente théoriquement :

  • 68 officiers, 212 sous-officiers, 1873 hommes ;
  • 36 canons de 75 mm, 54 caissons ;
  • 1788 chevaux, 186 voitures hippomobiles (non comptés les avant-trains) ;
  • 19 voitures de liaison, 32 camionnettes, 3 camions, 4 motos, 68 vélos.





L’encadrement est le suivant :

Régiment : Lieutenant-colonel David puis le lieutenant-colonel D’Aillières

  • 1° groupe ?
    • 1° batterie : lieutenant Defoix ;
    • 2° batterie : lieutenant Bastien ;
    • 3° batterie : capitaine Bonnard.
  • 2° groupe : capitaine Des Allimes
    • 4° batterie : aspirant Golliez de Wippens ;
    • 5° batterie ?
    • 6° batterie ?
  • 3°groupe : commandant Dupuy
    • 7° batterie : lieutenant Le Penven ;
    • 8° batterie : capitaine Oudard ;
    • 9° batterie ?
  • Batterie Hors Rang (BHR) : lieutenant Legrand
  • 10° BDAC (batterie de défense anti chars) (8 canons de 47 mm) : lieutenant Legrand
  • Capitaine Drouet : adjoint au chef de corps
  • Capitaine Audiau : adjoint au chef de corps à la suite du capitaine Drouet
  • Lieutenant Hassoun : réserve
  • Sous-lieutenant Boucard : officier de liaison

La drôle de guerre

Ayant quitté Vannes par voie ferrée les 9 et 10 septembre, le régiment débarque dans la région de Saint-Mihiel (Meuse) pour une mise à disposition à la 3° armée. Le 1° groupe est au nord d’Algrange, et les 2° et 3° groupes sont installés dans la forêt de Cattenom. Les mois d’octobre et de novembre sont employés des travaux d’aménagement des positions et à l’instruction.

La 10° BDAC a été formée du 1° au 8 novembre et rejoint la division le 10 novembre.

Après un bref repos dans la région Algrange-Knutange, il est dirigé à la Noël sur les positions dans les intervalles de la ligne Maginot (Secteur Fortifié de Thionville en Moselle) sur le secteur de Hambourg-Budange. La 22° DI est alors sous le commandement du Corps d’Armée Colonial et elle est en position dans les sous-secteurs d’Oeutrange et Hettange-Grande.

Les batteries du 18° RAD forment différents groupements d’appui direct pour les troupes de la position fortifiée. Chaque batterie avancée doit détacher une section nomade qui, de jour, fait des tirs de harcèlement.

Cette activité attire la réaction allemande, les unités des 1° et 3° groupes notamment sont prises à partie et subissent des pertes. A plusieurs reprises, les batteries exécutent des tirs d’arrêt.

Le 21 février 1940, le 18° RAD est relevé et envoyé dans la région de Liart, vers Charleville-Mézières dans les Ardennes. Le poste de commandement est à St-Jean-aux-Bois. A cette occasion, la division passe sous le commandement du 11° corps d’armée (9° armée).

Cette armée est soutenue par le groupe de chasse GC II/2 et le groupe de reconnaissance GR II/52.



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MORANE SAULNIER 406



Fin mars, le lieutenant-colonel D’Aillières remplace le colonel David.

Du 10 au 13 mai : mise en place sur la Meuse

Le 10 mai 1940 à l’aube, en application du plan Manstein, l’armée allemande pénètre aux Pays-Bas, en Belgique et au Luxembourg. Le but est de faire diversion et de tromper les Alliés en les fixant au nord, tandis qu’un grand mouvement de troupes se développera au sud, dans les Ardennes, le secteur le moins bien tenu par les français, avant de s’élancer vers l’ouest jusqu’à la mer.
Conformément au plan Dyle-Breda du Général Gamelin, le meilleur des troupes françaises et britanniques est envoyé dans le nord de la Belgique à la rencontre des blindés allemands.

La 22° division d’infanterie est affectée au 11° corps d’armée (général Martin), lui-même subordonné à la 9° armée du général Corap. Dans le cadre de la manœuvre Dyle-Breda, la 9° armée doit s’aligner sur la Meuse et le 10 mai 1940, le régiment est dirigé sur la frontière belge.

Dès le 10 mai, l’évacuation a été ordonnée aux habitants de Monthermé, Givet et Fumay. Le 12 mai, ce sont les habitants de Charleville, de Mézières, de Flize et de Mohon qui sont appelés à quitter leurs habitations. La Préfecture des Ardennes est transférée à St Hermine, en Vendée, région de repli pour les Ardennais. Durant cette période les quais de la gare de Charleville sont envahis d’évacués qui se bousculent, encombrés de leurs pauvres bagages.

Le 12 mai, la 22° DI est aux environs de Givet, sur la rive gauche de la Meuse, tenant le front entre Hastières et le sud de la boucle de Chooz. Au nord sont en approche sur la Meuse la 18° division d’infanterie et au sud la 61° division d’infanterie.

La division est repartie en trois sous secteurs : au nord, le 19° RI (du rocher des Patriotes au bac du Prince) ; au centre, le 116° RI (du bac au Prince à Ham exclus) et au sud, le 62° RI (de Ham inclus au passage à niveau à 1km au sud du pont de Vireux). Les ponts de Ham et Vireux sont détruits à 16 h00. Le poste de commandement de la division s’installe à Romedenne, celui de l’infanterie divisionnaire est à Vodelée.

L’aviation de chasse française ne soutient pas directement la 22° DI dans sa progression mais le GC II/2 est crédité ce jour de deux victoires. La première sur un Do 17 à Fosse (Belgique) et la seconde sur un Ju 88 à Dinant. Le 13 mai au matin, l’ensemble du 18° RAD est en position sur les bords de la Meuse dans la région de Givet. Le poste de commandement est au fort de Charlemont qui domine la ville de Givet en rive gauche de la Meuse.
Le III/18° RAD est en appui du 62° RI.
Dans l’après midi, la zone occupée par le poste de commandement de la division et celui de l’infanterie divisionnaire, les services, ainsi que la plupart des positions de l’artillerie sont longuement bombardées par l’aviation allemande.
Les unités de la 32. Infanterie Division du général Franz Böhme occupent la partie de Givet sur la rive droite à partir du 13 mai. Les ponts ont sautés et la division allemande qui doit traverser la Meuse, devra le faire à l’aide de canots sous le feu des troupes françaises Le fort de Charlemont accueille des pièces de 75 mm du 18° RAD et de 155 mm du 218° RALD, appuyant ainsi le 116° RI de la 22° DI qui défend la Meuse. Dès 9 h 30, ses pièces entrent en action et prennent à partie les colonnes allemandes qui descendent vers le fleuve.
Cette action vaut au fort d’être bombardé l’après-midi par les Allemands, trois des six pièces d’artillerie de 155 mm qu’il abrite sont détruites. Le fort venait de s’opposer à une tentative de franchissement de la Meuse à Chooz par une avant garde de la 32. ID du général Franz Böhme qui décide de reporter le passage du fleuve au lendemain avec des moyens plus conséquents.
Néanmoins, l’artillerie installée au fort de Charlemont tire à pleine puissance durant la nuit du 13 au 14 mai sur les concentrations allemandes.
Le 13 mai, l’aviation de chasse française ne peut pas soutenir la 22° DI à Givet. Le GCII/2 est engagé à Dinant où le XV corps d’armée allemand (5° et 7° Panzer Divisionen) est en pleine progression. Le GC II/2 est crédité de trois victoires : une sur un Hs 126 à Guise et les deux autres sur des Me 110 à Dinant.

Du 14 au 18 mai : le recul et l’encerclement

14 mai : la perte de Givet

Ce jour, le XV corps d’armée allemand (5° et 7° Panzer Divisionen) perce au nord au niveau de Dinant. Au sud, c’est le XXXXI corps d’armée (6°, 8° Panzer Division et 2° ID Motorisée) qui franchit la Meuse à Monthermé. Ces mouvements amorcent l’encerclement du 11° corps d’armée français qui est accroché par le II corps d’armée allemand (32°, 12° et 263° ID) sur la Meuse.

L’aviation allemande pilonne les arrières des troupes françaises, enrayant les mouvements de l’artillerie lourde et des renforts.
A Givet, la 32. ID passe à l’offensive générale sur le fleuve avec au nord, l’IR 96 au niveau du Bac au Prince face à la liaison du 19° RI et du I/116e RI. A Givet même, l’IR 4 est engagé contre le III/116° RI. Par ailleurs, les régiments allemands sont renforcés par d’autres unités et soutenus par plusieurs groupements d’artilleries. Ils réussissent leur traversée au nord à l’aube, le I/19° RI ainsi que la 11° compagnie du III/19° RI sont rapidement submergés et contraints de se replier vers le nord. Les fantassins allemands menacent même l’observatoire d’artillerie situé à 2 km au sud d’Hermeton. La contre attaque d’une section du I/116e RI rétablit la situation de son bataillon face au nord où les Allemands auraient pu désormais les déborder.
Néanmoins, l’artillerie française, notamment celle du fort de Charlemont, cause des pertes aux allemands qui traversent la Meuse, si bien que le front de la 22° DI tient toujours à 10h00. Mais l’action les canons du fort cessent bientôt, touchés par ceux des allemands ou par la Luftwaffe qui a dû être demandée en renfort par la 32. ID. Les positions et les échelons sont très vivement attaqués par l’aviation. D’autre part, l’ennemi a réussi à traverser la Meuse. Certaines unités étant menacées d’encerclement, le commandement de l’artillerie divisionnaire ordonne vers 11h00 le repli qui se poursuivra les jours suivants sous la pression des blindés et de l’infanterie allemands.
Les 18° et 218° régiments d’artillerie se replient, laissant l’infanterie avec ses seules armes. Un nouveau régiment allemand arrive en renfort, l’IR 94 qui traverse la Meuse au sud de l’IR 96. Bien que les tirs français continuent à leur infliger des pertes, les allemands sont de plus en plus nombreux à traverser. L’IR 4 réussit à passer plus au sud entre le II/116° et le II/62° RI. À cause de l’attaque allemande, notamment aérienne, des défenseurs français cèdent à la panique et fuient vers l’arrière.
Au milieu de l’après midi, ainsi menacée au nord et au sud par l’avancée des troupes allemandes, la 22° DI se retire de la Meuse, fortement pressée par la 32. ID. Mais certaines de ses unités poursuivent le combat, la partie en rive gauche de Givet, bien que bombardée, reste ainsi tenue par le III/116° RI, empêchant les allemands d’y établirent un pont. Le lieutenant Charpentier se voit confier la « mission de sacrifice » de tenir le fort de Charlemont, le fort de Condé est occupé par le capitaine Cothereau et le château du Tertre par le capitaine Belin. Vers 18h30, une batterie du III/18° RAD en position après un premier repli, à quelques centaines de mètres à l’ouest de Mazée, sur la route de Treignes, ouvre le feu au nord-est de la côte 230 où l’ennemi a progressé. Une deuxième batterie du même groupe, la 7°, se replie sur la route d’Olloy, peu avant Vierves. Le capitaine Luron, du 62° RI, atteint cette batterie pour la renseigner de la situation. A ce moment arrive le chef d’escadron Dupuis, commandant le III/18° RAD avec son capitaine adjoint. Cinq avions surgissent peu après d’une crête boisée et bombardent la colonne. Deux officiers sont tués, 2 autres sont grièvement blessés dont le commandant Dupuy ainsi que plusieurs artilleurs. Des chevaux sont tués, du matériel automobile et hippomobile détruit. Le pharmacien Lamour du 62° RI, se rendant à Olloy avec quelques infirmiers arrive sur les lieux et soigne les blessés.
La 7° batterie est en partie détruite, tous les officiers de cette unité sont tués ou blessés. Une partie des 8° et 9° batteries réussit à échapper à l’étreinte ennemie et se replie sur Saint-Quentin (Aisne). Ces unités du III/18° RAD seront regroupées à Villers-Cotterêts le 17 mai.
La 22° DI se replie vers l’ouest par Dourbes qui se trouve en Belgique. En une seule journée de combat, cette unité est disloquée.
Dans la nuit du 14 au 15 mai, des éléments de la division dont des colonnes du 218° RALD et la 10° BDAC se replient pour se retrouver au petit jour à Couvin.
15 mai : le recul
La 22° DI continue son repli vers l’ouest mais subit des pertes importantes en raison de la pression de troupes allemandes.
A 7h30, des unités allemandes apparaissent dans la région de Matignolles (en Belgique) où le combat s’engage avec le II/62° RI qui est menacé d’encerclement dès 8h30. Le bataillon reflue vers l’ouest et est disloqué par des attaques de blindés lorsqu’il arrive à Olloy vers 11h30.
Le capitaine Collin, commandant le II/62° RI est blessé et fait prisonnier. Dans ce chaos, tout ce qui reste de la division doit se diriger vers la forêt de Saint-Michel. Le village jouxte à l’est la localité d’Hirson.
Vers 11h30, un ordre de la 22° DI demande au 62° RI de s’installer à Baileux et de tenir face à l’est. Cette localité est en Belgique, à quelques kilomètres de la frontière française. Trois groupes, commandé par le capitaine Tschoffen, le lieutenant Dalichampt et le sous-lieutenant Blot, sont placés sous le commandement du capitaine Luron. Deux groupes du 18° RAD, en batterie près du village de Baileux, appuieront cette défense. Vers 17h00, les artilleurs attaqués du sud pendant la mise en batterie doivent s’enfuir ce qui occasionne de lourdes pertes à ces unités. Presque au même moment des avions ennemis mitraillent les rues du village.
Pendant ce temps l’ennemi continue à débarquer des troupes sur la route de Couvin et nos postes sont vivement attaqués. Le groupe du capitaine Tschoffen laisse quelques prisonniers et se replie sur le village. Plus au nord, le groupe Dalichampt est débordé mais tient. Le capitaine Luron donne l’ordre d’un léger repli. Au sud, en lisière du village, face au bois, le lieutenant Gaumé avec quelques voltigeurs tient l’ennemi en respect mais la situation est critique. Le repli est repris vers l’ouest et la frontière française.

La 6° Panzer Division, qui a percé le matin à Monthermé (Ardennes) sur la Meuse le front de la 9° armée française, atteint Rozoy dans le nord-est du Département de l’Aisne puis Montcornet au soir.

16 mai : l’encerclement
Le commandement français essaie de rétablir un front en engageant principalement la 4° Division d’Infanterie Nord Africaine (DINA), qui a moins souffert de l’assaut allemand que les autres divisions du 11° corps d’armée.
La 4° DINA du général Sancelme installe son poste de commandement à Mondrepuis, à proximité de la frontière belge dans l’est du département de l’Aisne. Sous la protection de cette division, les éléments de la 22° DI et de la 18° DI devront retraiter vers l’ouest pour rejoindre les lignes françaises.
A 8h30, seulement 500 hommes de la 22° DI ont rejoint Saint-Michel, à l’est d’Hirson et de Maudrepuis. Ils sont majoritairement issus des 19° et 62° RI. La 22° DI s’appuie sur les blockhaus souvent inachevés dans la forêt de Saint-Michel. Quelques éléments du 116° RI et de nombreux isolés de toutes origines, la plupart désarmés, forment un appoint de piètre qualité. Néanmoins, ces fuyards sans cadres s’intègrent dans le dispositif.
Les généraux Hassler et Beziers-Lafosse viennent s’assurer de l’organisation, celle-ci prend une forme solide vers 10h00.

Cette position comporte : • A la lisière Nord de la forêt, une ligne principale de résistance, jalonnée par un certain nombre de blocs de bétons. Cette ligne est couverte par un réseau de fil de fer et un fossé anti-char. Le 19° RI s’occupe de cette ligne. • A deux kilomètres au sud, une ligne d’arrêt avec cinq blocs inachevés qui est occupée par le 62° RI. Dans la partie sud-ouest de la forêt de Saint-Michel sont positionnés les éléments rescapés des I/18° et II/18°RAD. Le poste de commandement de la division est à Vimy et celui de l’infanterie divisionnaire à Saint-Michel. Vers l’est, il n’y a plus de troupes françaises et vers l’ouest, le bois d’Anor est tenu par la 4° DINA.
Vers 12h00, le sous/lieutenant De la Villetanet du III/62° rejoint la forêt de St-Michel. Il amène 9 mitrailleuses et un groupe de mortiers de 81. La solidité de la position s’en trouve considérablement accrue.
A 14h00, le général commandant la 22° DI (général Béziers de Lafosse), et le colonel David commandant le 18° RAD quittent le poste de commandement de Saint-Michel pour joindre celui du 62° RI. Le village de St-Michel est occupé par l’ennemi et les communications à l’ouest sont réduites à un étroit couloir à cause de l’encerclement allemand en cours.

A l’ouest, à quelques kilomètres, les régiments de la 4° DINA, les 25° Régiment de Tirailleurs Algériens, 23° RTA et 13° Zouaves, revenant de Belgique, établissent des barrages à partir de la frontière, afin de ralentir l’avancée allemande. Le 25° RTA s’installe des fortifications d’Anor jusqu’à Mondrepuis. • lisière Nord : route de Fourmies ; • lisière Est : route d’Anor, passe d’Anor ; • lisière Sud : route d’Hirson ; • lisière Ouest : route de Clairfontaine. Il est prévu que le repli de la 4° DINA et de la 22° DI devra s’effectuer dans la direction La Capelle et Guise par Mondrepuis. La 4° DINA doit donc dans un premier temps tenir ce village, afin de faciliter ultérieurement la progression des troupes de la 22° DI venant de Saint-Michel et du Pas Bayard.

Les liaisons entre les différents points de résistance et le poste de commandement de la 22° DI à Wimy sont toujours possibles, mais de plus en plus difficiles à cause des incursions allemandes. Une protection est demandée au 32° BCC en position à Saint Michel. La mission est confiée au lieutenant Duboe qui est dirigé sur Mondrepuis, avec une section de 3 chars R.35. Les chars prennent position en début de soirée au lieu-dit « la trouée d’Anor » et « le coq Hardy ».

La 4° DINA organise la défense de Mondrepuis et le soir, le 23° RTA est en mesure de défendre la localité. Au cours de la nuit, les tirailleurs du 25° RTA dressent des barricades et occupent les maisons. Les troupes allemandes ne sont pas encore visibles tandis que les unités françaises attendent l’assaillant.

La 4° DINA transfère son poste de commandement à La Capelle dans la soirée. Le corps d’armée a demandé à la 4° DINA de tenir aussi le village de La Capelle pour ralentir l’avance allemande vers l’ouest. Cette mission est réalisée avec des éléments des 23° RTA, 5° RTA et du GRDI 2 de la 9° DIM.

Ce jour, la 8° Panzer Division, après avoir franchi la Meuse à Nouzonville dans la matinée, parvient à Hirson à 20h00. Cette localité est tenue par des éléments de la 4° DINA. Estimant l’heure trop tardive, les allemands remettent l’attaque au lendemain.

17 mai : derniers combats
Au matin, les unités restantes du 11° corps d’armée sont encerclées entre Hirson et Fourmies.

Les unités allemandes présentes sont principalement des détachements des 8° Panzer Division et 1. Gebirgs-division commandée par le général Ludwig KUBLER dont le. 99° régiment de chasseurs de montagne.

La 8° Panzer Division commence la journée par le nettoyage de la zone d’Hirson. Cette localité a été évacuée dans la nuit par les troupes françaises retranchées à Mondrepuis et à La Capelle.

Ces deux localités subiront toute la journée des combats relativement acharnés et ce n’est qu’en fin de journée que ces deux localités tomberont aux mains des allemands. Le village de Mondrepuis sera détruit à moitié. A La Capelle, les défenseurs subiront 50% de pertes avant la reddition demandée par le général Sancelme qui a perdu tout contact avec le commandement français. La prise de la ville de La Capelle est intéressante pour les troupes allemandes car c’est un carrefour important dans cette région.

A Mondrepuis, le soir, des soldats français, regroupés en forêt, contre-attaquent pour rentrer dans le village. Ils sont repoussés et l’armée allemande prend enfin position à Mondrepuis.

On dénombrera une cinquantaine de morts côté français ainsi que sept, coté allemands. Après avoir été enterrés sur place, ils seront rassemblés au cimetière communal. Néanmoins, ces combats n’ont pas significativement retardé l’avance de la 8 Panzer Division car ce n’est qu’une partie qui a participé à ces attaques. Le restant de la division était déjà bien à l’ouest où ses éléments arrivent à Guise dans la soirée. Il faut noter que Guise se trouve sur l’Oise que les troupes allemandes s’empresseront de traverser.

Pour les éléments de la 22° DI, de très bonne heure, le colonel de Lalande, commandant l’artillerie divisionnaire vient au poste de commandement divisionnaire et il est discuté l’idée de forcer la ligne ennemie en direction de Mondrepuis, le 62° RI devant ouvrir le passage. Le général commandant l’infanterie divisionnaire déclare qu’il prendra sa décision à midi. La matinée est employée à parfaire des défenses, des engins blindés sont signalés un peu partout en avant de la ligne principale de résistance. De nombreux avions ennemis survolent la position à basse altitude. Une liaison avec les unités tenant Mondrepuis est réalisée.

Devant les attaques allemandes sur Mondrepuis, l’idée de la percée est abandonnée.

De plus, vers 15h00, l’ennemi progresse de Saint-Michel vers le nord et arrive au contact de la face arrière de la ligne d’arrêt. Un avion allemand survole la position à basse altitude et mitraille le poste de commandement du 62° RI. A la cessation du feu, le colonel commandant le 62° RI constitue six détachements avec tout le personnel qui l’entoure. Ces groupes commandés par des officiers reçoivent mission de fouiller le bois. Ces actions sont menées avec rapidité et décision. Elles imposent un recul à l’ennemi, mais elles constatent l’abandon de deux blocs du 19° RI.

Les munitions ne manquent pas et le capitaine Tuloup du 19° RI qui commande la ligne principale de résistance reçoit l’ordre de tenir sans esprit de recul. Les blessés sont relevés et ramenés près du poste de commandement. Avec la nuit, le calme se rétablit, de tous côtés des fusées allemandes proches marquent les emplacements atteints par l’ennemi, le groupe de mortiers qui a été mis en surveillance de jour exécute quelques tirs sur les points d’origine de ces fusées.

Lors de cette journée, le colonel David et les éléments restants des I/18° et II/18°RAD sont capturés dans la forêt de Saint-Michel.

18 mai
Après avoir nettoyé La Capelle et Mondrepuis, des détachements allemands vont finir de nettoyer définitivement ce secteur.
L’attaque reprend dès l’aube sur le bois de Saint-Michel et, peu, à peu, le dernier réduit constitué par le poste de commandement du 62° RI est entouré de toutes parts et va cesser le combat.

A 11 h 30, le général Béziers de Lafosse, commandant l’infanterie divisionnaire déclare que pour éviter le massacre, il vaut mieux se rendre. C’est fini de la résistance de la 22° DI et plus particulièrement du 62° RI. Les unités allemandes assaillantes sont des détachements de la 1. Gebirgs-division commandée par le général Kubler dont le 99° régiment de chasseurs de montagne.

Le 18 mai, la 22° division d’infanterie et le 18° RAD pouvaient être considéré comme détruits.

Comme la majorité des unités du 11° corps d’armée et de la 9° armée, le 18° RAD a été détruit en l’espace de quelques jours sous la pression des armées allemandes.

Epilogue

Certaines unités de la 22° DI ont pu échapper à l’encerclement. Après avoir passé la frontière à Rocroi le 15 mai, des éléments des 18° RAD et 218° RALD ainsi que de la 10° BDAC sont regroupés à Soissons après avoir transité par Laon le 16 mai au soir.

Le 17 mai, ces éléments ont pour ordre de rejoindre Villers-cotterêts qui est désigné comme point de rassemblement de la 22° DI. Les restes des 18° RAD et 218° RAD sont rassemblés par le capitaine Oudart, du III/18° RAD.

A 11h00, départ pour Meru (Oise) pour y bivouaquer la nuit. Le 18 mai, départ pour Ancerville (Oise) où les rescapés, environ 200 hommes, stationnent 3 jours, toujours sous le commandement du capitaine Oudard.

Le 21, départ pour Mouy dans l’Oise qui est bombardée.

Le 22, le groupement est transféré à Bazemont dans les Yvelines, près de Meulan. De Bazemont, l’unité est embarquée le 24 en train pour Rodez. Ce périple dure 2 jours et 3 nuits.

Le 27 mai, débarquement à 10h00 à Sauclières qui se trouve à 20 km du camp du Larzac, en cantonnement dans un village jusqu’au 2 juin.

Du 3 au 19 juin, le régiment est en cours de reconstitution. Le 3 juin, embarquement à la gare de l’Hospitalet du Larzac, et départ du train pour Nîmes à 11 h 30. L’unité arrive à Nîmes le soir à 21h30 et cantonne à Bezouce, à 10 km de Nîmes.
C’est le CMA 15 (Centre Mobilisateur d’Artillerie) de Nîmes qui dirige cette reconstitution. A Saint-Gervasy, près de Nîmes, l’unité perçoit du matériel pour le groupe motorisé : tracteurs SOMUA, pièces de 75, voitures diverses de réquisition en excellent état, matériel topographique, matériel Z, etc.

Le 20 juin, le groupe motorisé, sous le commandement du capitaine Des Allimes est opérationnel. Il quitte St-Gervasy à 20h00 pour gagner Marseille. Du 21 au 25 juin, le groupe cantonne à l’hôpital Saint-Louis.

Le 26 juin, le groupe quitte Marseille pour Aubagne. La dissolution du groupe motorisé avec reversement du matériel et la démobilisation du personnel a lieu le 31 juillet.


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