Histoire de l’Artillerie, subdivisions et composantes. > 2- Histoire des composantes de l’artillerie > L’artillerie du Repérage et de l’Acquisition : renseignement d’artillerie. > 0- Historique du Repérage > I- Les origines du Repérage > 1918-1939 - Perfectionnement du Repérage > 1 . Les résultats obtenus au cours de la première guerre mondiale >
c. Les résultats obtenus : les meilleures preuves de l’efficacité des techniques françaises
 

Des statistiques sans appel : le compte rendu de conférence du Lieutenant-colonel Cari [1] fournit des chiffres précis, repris par le manuel d’artillerie de l’Ecole de l’Air de 1940 [2]. Les chiffres sont tirés de deux sources essentielles : des documents français établis d’après les constatations faites sur le front même et des documents allemands, soit interceptés par les alliés, soit communiqués après la fin de la guerre.

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Les documents français nous renseignent sur la fiabilité des déterminations en prenant l’exemple de plusieurs batailles.

Au printemps 1917, dans la région de Toucy-le-Château (Aisne), 90% des repérages sont suffisamment précis pour permettre le succès de la contrebatterie.

Plus au nord, une SRS signale trente emplacements dont vingt-huit correspondent effectivement à des pièces.

En août 1918, tous moyens confondus, cent neuf repérages sur cent trente-cinq sont exacts, soit 81%. La précision avancée paraît tout à fait correcte, comme le montrent les résultats obtenus lors de l’attaque de la Malmaison : 86% des résultats exploitables des SRS donnent une précision à cinquante mètres près.

Cette proportion tombe à 73% pour les SROT qui semblent moins précises et aussi moins actives.

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Les documents allemands font ressortir ces résultats en les rapportant aux dommages infligés à leur parc d’artillerie et confirment l’utilité du repérage.

Plusieurs notes du Général Luddendorf, commandant le Grand Quartier Général allemand, mentionnent les succès inquiétants de la contrebatterie française.

Une étude d’octobre 1917 s’intéresse aux avaries et destructions de pièces subies par une armée durant un mois : 50% des dommages de l’artillerie de campagne et 60% de ceux de l’artillerie lourde sont dus à l’artillerie adverse.

Environ un an après, l’inquiétude grandit encore à l’état-major qui demande, mais trop tard, de développer la contrebatterie et le repérage et qui déplore la destruction de 13% de ses pièces en un mois.

Le déclin de l’artillerie allemande s’accélère durant les derniers mois de la guerre : entre le printemps et l’été 1918, 30% des pièces légères et 40% des pièces lourdes sont hors de combat.

Et surtout, cent pièces d’Artillerie Lourde à Grande Puissance (ALGP) disparaissent sur un total de deux cents : c’est une atteinte significative au symbole même de la puissance allemande de 1914.

Voir le cas particulier de la neutralisation du "Grand Canon" de Leugenboom.

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Au delà de ces exploits et de ces chiffres, une conclusion s’impose : la maîtrise des tirs acquise grâce au Repérage permet à 1a contrebatterie de remplir pleinement sa mission et de détruire plus de pièces que la production industrielle ne peut en fabriquer : « à toute pièce construite correspond au moins une pièce détruite » .

La complémentarité et la robustesse des systèmes, l’avance technologique indéniable et les succès qu’ils remportent confortent chacun dans la valeur des systèmes créés. C’est ce qui explique le relatif manque d’innovation de l’entre-deux guerres, du moins en ce qui concerne les procédés utilisés, Certes, Le repérage continue de bénéficier des recherches scientifiques et militaires mais le perfectionnement au jour le jour remplace l’effervescence du début.

[1] Conférence sur les Services de Renseignement de l’Artillerie, Lieutenant-Colonel CARI, 1934.

[2] Cours d’Artillerie, Armée de l’Air, Ecole de l’Air, Ministère de l’Air, 1940, 184 pp.


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