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Les frères Bureau
 

Jean Bureau, artilleur du roi

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Né en 1390, Jean Bureau fait des études de droit puis officie comme avocat à Paris. Il est commissaire au Châtelet lorsque Paris est occupé par les Anglais sous la tutelle du duc de Bedford. En 1434, il quitte la capitale et se met au service du roi Charles VII. Celui-ci le fait grand-maître de l’artillerie de France, après qu’il se fut distingué au siège de Meaux en 1439. Jean Bureau sert encore aux sièges de Pontoise et de Harfleur, assiste à la prise de Bayeux et s’emploie à la capitulation de Caen. Il se signale encore devant Bergerac et, après avoir contribué à la reddition des châteaux de Montguyon et de Blaye, assiège Libourne qu’il emporte. Nommé collecteur des impôts de Paris, il devient trésorier général de France en 1443 et est fait chevalier par Louis XI à l’occasion de son sacre en 1461. Jean Bureau décède à Paris en 1463. Un texte d’époque de l’évêque Bazin, que Bureau a certainement connu, le décrit comme un homme d’origine humble, de basse stature, mais d’une grande détermination et courage. Selon ses écrits, Bureau était un perfectionniste méthodique, doté d’esprit mathématique ; c’était aussi un brillant administrateur, doué d’une vive imagination.

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Gaspard Bureau

Frère de Jean Bureau, il fut maître des comptes puis participa au siège de Meaux en 1439, devint commis d’artillerie puis maître temporaire de l’artillerie par lettres royales en 1442 avant d’être définitivement nommé grand-maître le 27 décembre 1444. Il participa à de nombreuses batailles de siège, à Bayeux en 1450 puis Bayonne et Castillon , ce qui lui vaut de devenir marquis de la ville. Il est promu chevalier en 1464 et conserve sa charge de maître de l’artillerie jusqu’à son décès en 1470.

L’apport des frères Bureau à l’artillerie

Les frères Bureau réorganisent l’artillerie de Campagne en développant l’utilisation du canon. Tous deux dirigent personnellement l’artillerie dans toutes la batailles de Normandie et de Guyenne. Louis-Napoléon Bonaparte décrit l’œuvre des frères Bureau dans son ouvrage : "Études sur la passé et l’avenir de l’artillerie".

"Ils commencèrent à employer, quoique en petit nombre, les boulets de fer au lieu des boulets de pierre, et alors, un projectile du même poids occupant un plus petit volume, on put lui donner une plus grande quantité de mouvement, parce que la pièce, ayant un moindre calibre, offrit plus de résistance à l’explosion de la poudre. Ce boulet plus dur ne se brisa plus et put pénétrer dans la maçonnerie ; il y eut avantage à augmenter sa vitesse en diminuant sa masse ; les bombardes devinrent moins lourdes". Ainsi, "les Anglais avaient employé quatre mois à assiéger Harfleur, en 1440 ; huit mois à assiéger Rouen, en 1418 ; 10 mois à s’emparer de Cherbourg, en 1418, tandis qu’en 1450, toute la conquête de la Normandie, qui obligea à entreprendre soixante sièges, fut accomplie par Charles VII en un an et six jours. L’influence morale exercée par la grosse artillerie est devenue si grande qu’il suffit de son apparition pour faire rendre les villes [...]. Charles VII qui naguère empruntait aux villes leurs canons pour faire les sièges, possède une artillerie assez nombreuse pour établir des attaques devant plusieurs places à la fois, ce qui excite à juste titre l’admiration des contemporains."

Après l’utilisation des boulets en métal plutôt que des boulets à pierre, la fabrication de canons plus petits, plus mobiles et plus puissants et la mise en batterie de canons face à des troupes, les frères Bureau se posent ainsi en novateurs de leur temps. Ils connaissent Castillon et ses environs pour avoir, avec l’armée de Penthièvre, enlevé sa place en 1451, à vrai dire sans grand combat. Il semble donc, que connaissant les lieux, les frères Bureau aient voulu [en 1453] attirer l’armée de Talbot sur un emplacement dont ils connaissaient les avantages stratégiques. Leur tactique fut couronnée de succès. Ils commandaient une artillerie de 300 pièces diverses. De plus, toutes les victoires remportées dans cette région le furent grâce à la logistique des frères Bureau qui firent débarquer sur le champ de bataille même, les canons et projectiles transportés par la Dordogne depuis les fonderies du Périgord. Ils ont ainsi été les principaux artisans de cette victoire où l’artillerie fut pour la première fois décisive sur l’issue d’une bataille en Occident.


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