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1940- la Bataille de Stonne
 

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Cet article est extrait du livre de Jean-Paul Autant "La Bataille de Stonne - Mai 1940 : Un choc frontal durant la Campagne de France.", que vous pouvez vous procurer à la boutique du Musée de l’artillerie.

La bataille de Stonne

La campagne de France de 1940 est souvent décrite comme une avance fulgurante des Panzer-Divisionen vers la Manche d’abord, puis vers le Sud ensuite. Mais la rapidité de la victoire allemande ne doit pas être assimilée à une promenade de santé de la Wehrmacht. A de nombreuses reprises, l’armée française s’est défendue avec acharnement.
Alors que les Panzer de Guderian s’élancent plein Ouest, l’état-major allemand redoute à juste titre une contre-attaque française venant du Sud, destinée à reprendre la tête de pont au sud de la Meuse et couper les Panzer de leurs bases. Guderian, conscient du danger, envoie sa 10è Panzer-Division et le Großdeutschland pour prendre une chaîne de collines boisées située à une vingtaine de kilomètres au sud de Sedan. De l’autre coté de la barrière naturelle, deux excellentes divisions françaises les 3e DIM et 3e DCR sont en cours de regroupement en vue de contre-attaquer la tête de pont allemande.

Cette superbe position défensive est percée en son centre par une route et un petit village d’une douzaine de fermes dont le nom allait marquer à jamais des milliers de combattants des deux camps : Stonne.
La bataille de Stonne commence. Elle est l’une des premières du second conflit mondial opposant deux forces puissantes, bien armées et bien commandées. C’est à Stonne qu’un canon antichar français met coup sur coup trois PzKpfw IV hors de combat, qu’un B1 bis affronte victorieusement une colonne de treize Panzer, que trois allemands utilisent la tourelle intacte d’un PzKpfw IV détruit, pour aligner plusieurs chars H39 et B1 bis. C’est aussi à Stonne que bon nombre d’attaques finissent au corps à corps et que le bombardement d’une position peut tuer seize hommes sur 25 en quelques minutes.
D’une violence implacable, l’histoire de la bataille de Stonne est parsemée d’actes héroïques. Elle préfigure de la rudesse des combats à venir, mais reste l’une des dernières ou une forme de respect de l’adversaire est encore perceptible. Certains officiers s’en souviendront comme le « Verdun de 1940 ».

UNE ARTILLERIE A LA HAUTEUR DE SES TRADITIONS

De nos jours, l’immense majorité des historiens ignore cette bataille ; le petit nombre d’entre eux qui en a une idée, n’en mesure pas sa véritable importance. On devrait pourtant se rendre à l’évidence : selon nous, Stonne fut réellement une des plus grandes batailles, sinon la plus grande, de la guerre de 1940 durant la campagne de France. Elle l’est par sa durée, son extrême violence, les pertes considérables déplorées par l’ennemi et le coup d’arrêt porté à un envahisseur bien supérieur en nombre qui renouvela ses troupes assaillantes (contrairement aux Français) tout au long de la confrontation. Rappelons-le, les Allemands l’appelaient « le Verdun de 1940. »

Or, à Stonne où la concentration de pièces d’artillerie de part et d’autre des lignes fut, à notre connaissance, la plus forte de toute cette période, l’artillerie française a brillamment rempli sa mission. Elle a même sauvé bien des situations périlleuses et infligé de terribles pertes à l’ennemi. Ainsi brièvement résumé on observe que, durant cette bataille, l’action de l’artillerie fut décisive dans l’agressivité, l’efficacité comme dans la sauvegarde de la 3ème DIM. Nombre d’anciens combattants allemands en témoigneront après la guerre. Mais les pertes humaines subies sont douloureuses : pour seul exemple, la 15ème batterie se retire le 25 mai amoindrie de près de 25 % de son effectif initial.

A Stonne, l’artillerie fut largement à la hauteur de la renommée séculaire de l’artillerie française par le dévouement et la qualité de ses hommes, les performances de son matériel, la précision remarquable de ses tirs, comme par sa puissance de feu et les redoutables pertes infligées à l’ennemi. Sans conteste, l’artillerie de la 3ème DIM a fait brillamment honneur à ses armes et à l’armée française.

Le 26 février 2010
Jean-Paul Autant

Voir l’organisation de l’artillerie de la 3è DIM en cliquant ici.

Pour découvrir les détails de cette bataille, cliquer ici.


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