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Lucien-Louis BUNEL (1900-1945)
 

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Extrait de l’article du Col (R) Monnet, les Sioux, n°140, mai 1991.

Lucien-Louis BUNEL

En religion le Père Jacques de Jésus, Carme Déchaux (1900-1945)

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Le 02 juin 1945, un ancien adjudant de la 21e Batterie de Repérage du 6e Groupe Autonome d’Artillerie disparaissait, sans doute à cause de la dureté des camps de concentration voisins de Mauthausen, mais aussi de ces horreurs qui martyrisaient sa charité. Cet adjudant se nommait Lucien BUNEL, c’était un moine...

Lucien BUNEL est né à Barentin, près de Rouen, le 20 janvier 1900. Dès l’âge de douze ans, il entreprend ses études au séminaire, le Petit puis le Grand, qu’il quitte entre mars 1920 et mars 1922 pour faire son service militaire ; il l’accomplit au fort de Montlignon aux environs de Paris, un des trois stationnements du 1er, devenu 6ème Groupe Autonome d’Artillerie (Repérage). C’est probablement à cette occasion qu’il aurait décidé de donner sa vie pour tous ceux qui souffrent et donc d’être présent à leurs côtés.

Depuis lors, les trajectoires de sa vie de citoyen et de sa vie de prêtre (ordination le 11 juillet 1925), puis moine (entrée au noviciat de la Province Carmélitaine de Paris le 14 septembre 1931, profession religieuse "simple" le 15 septembre 1932, "solennelle" le 15 septembre 1935), non seulement restent parallèles, mais se confondent, entièrement dévouées aux autres, sans ostentation, mais sans abandon, sinon à la volonté de Dieu qu’il sert sans défaillance. Le 17 mars 1932, il fonde le Petit Collège Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus à Avon, qu’il dirige dès son ouverture en octobre de la même année.

Il est mobilisé en septembre 1939. La 21è le Batterie ne met pas longtemps, dans son ensemble, pour apprécier ce qu’est cet adjudant qui pratique lui-même et fait pratiquer la charité... Fait prisonnier à Charmes-sur-Moselle, il devient aumônier du camp de Lunéville, en juin 1940, alors que son Petit Collège d’Avon est occupé et peut recevoir les élèves. Démobilisé en 1940, le Père Jacques en fait la réouverture en janvier 1941 ; c’est le lieu où aidé de ses paroissiens, il allie, à l’éducation chrétienne des enfants, sa charité manifestée dans la pratique du d’asile pour tous. Ayant caché des enfants juifs, il est dénoncé. Et c’est son arrestation le 15 janvier 1944, sa déportation par Fontainebleau et Royal-Lieu à Neue Bremme (Sarre) puis Mauthausen, puis Güsen, d’où il revient en avril 1945 à Mauthausen.

Il voit donc la libération du camp par les Américains le 05 mai 1945 mais épuisé, il meurt le 02 juin 1945 à l’hôpital Sainte-Elizabeth de Linz (Autriche), revêtu de sa robe de bure.

Le 13 janvier 1944, deux jours avant son arrestation, il écrivait à sa famille :

« Il est fort possible qu’avant peu des événements très graves se passent à mon sujet. Si je suis fusillé, réjouissez-vous car j’aurai réalisé mon idéal : donner ma vie pour tous ceux qui souffrent. »

« Au revoir les enfants, à bientôt »

« Au revoir, mon Père »

Le 09 juin 1985, l’Etat d’Israël décernait au Père Jacques de Jésus la médaille des Justes.

Plusieurs ouvrages relatent la vie du Père Jacques de Jésus

  • Le Père Jacques de Jésus , par le Père Philippe,
  • Etudes Carmélitaines ; Le Père Jacques
  • Au revoir les enfants, Editions du Cerf, 1988
  • Un Carme héroïque, J. CHEGARAY, Nouvelle Cité. 1989.
    Louis MALLE en a tiré un film en 1989, Au revoir les enfants.

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