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Les lois de programmation de 1984 et 1988, sur la réorganisation de l’Armée de Terre, attribuent à l’Artillerie une mission d’acquisition du renseignement, confirmant ainsi son évolution, depuis la fin des années 1960. Les drones de reconnaissance, le système RASIT, armes principales d’acquisition d’objectifs et de recherche du renseignement, sont alors complétés par des systèmes plus légers, les A.L.T., qui doivent concourir à l’obtention du renseignement à moyenne distance (zone de responsabilité de la division). En dotation dans des régiments d’artillerie, ils sont chargés d’une mission générale de renseignement ainsi que de la détection et la localisation les batteries nucléaires ou classiques non repérées par les drones CL 289 ou simplement détectées par les systèmes radars. La France choisit, à l’aube des années 1990, de développer son propre système d’ALT, confiant à la S.A.T. le soin d’élaborer le concept du premier « système aéroporté de surveillance du champ de bataille », le M.A.R.T.

LES AÉRODYNES LÉGERS TÉLÉPILOTÉS FRANÇAIS

1 . Le Système M.A.R.T. (MART II)

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Elaboré par la S.T.A.T., le M.A.R.T. [1] est alors fabriqué par les sociétés françaises ALTEC industries, ALPILLES et Thomson CSF. Le 8e Régiment d’Artillerie de la l0e Division Blindée expérimente les premiers prototypes de cet engin destiné à acquérir le renseignement en temps réel, à l’échelle de la Division.

Envoyée en 1991 en Arabie Saoudite, la section MART du 8è RA est intégrée dans la Division Daguet. En 1993, le système MART est mis en dotation au 6e groupe du 7è régiment d’artillerie. Un premier MART, de conception britannique, avait déjà été expérimenté en France dès novembre 1984 et abandonné quelques années plus tard.

Un système (ou une section) est composé :

  • d’un nombre réduit d’engins (cinq à dix). Rustiques, ces mini-avions télépilotés sont simples à mettre en œuvre,
  • de deux rampes à sandows, remorquées, qui permettent un déploiement rapide de la section ;
  • d’une station-sol, elle-même composée de trois équipes : -** une première équipe est chargée de la réception des images instantanées et de leur exploitation rapide,
    • une autre du télépilotage et de la localisation (par satellite et/ou radiotriangulation),
    • et la dernière du lancement, de la récupération et du reconditionnement.

Système d’exploitation rapide, la section MART est réduite au minimum à deux hommes répartis dans les trois équipes, cinq véhicules de transport et d’exploitation.

a. Description du système

Caractéristiques techniques du vecteur :

Envergure :3,40 mètres
Masse :100 à 110 kg
Autonomie de vol :4 heures
Vitesse :280 km/h
110 km/h pendant sa mission de surveillance.
Altitude et élongation :300 mètres d’altitude : 50 km
1000 mètres d’altitude : 100 km

Sa composition (bois, matériau composite) ne le signale que par une très faible empreinte radar. Toutefois sa faible autonomie ne lui permet pas de s’infiltrer dans la profondeur du dispositif ennemi à plus d’une vingtaine de kilomètres.

Son équipement optronique, aujourd’hui dépassé, le relègue presque à une place secondaire, et ne l’autorise à participer qu’à des missions de brouillage en tant qu’avion-leurre ou avion-cible.

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MART
catapultage de nuit

Caractéristiques du capteur :

Le capteur est constitué d’un système vidéo à haute définition, couleur ou noir et blanc pour les opérations de jour ou d’une caméra thermique de type Cyclope (France) employée de nuit. Les images, de nuit comme de jour, sont retransmises en temps réel a la station-sol.

Si le MART est toujours opérationnel en 1994, sa mission de renseignement est limitée au niveau tactique. La politique du renseignement français depuis 1992 (date de l’acquisition du CL 289) prévoit cependant le renforcement par des ALT des autres systèmes d’acquisition du renseignement, difficilement utilisables sur de petites distances ainsi que le regroupement de tous les systèmes (aériens) au sein d’une seule unité, le 7e Régiment d’Artillerie. Ce regroupement se concrétise en 1993 par la constitution du 6e groupe du 7e RA après la dissolution du 6e RA.

Comme elles avaient collaboré ensemble pour l’exploitation du CL 289, la France et l’Allemagne travaillent sur le successeur du MART, connu actuellement sous le nom de BREVEL [2] (BREmen-VELizy) qui devrait être opérationnel en 1998.

En cours d’élaboration depuis 1992, le BREVEL sera le complément aérien du radar HORIZON et sera employé à la fois à la recherche du renseignement et à l’acquisition d’objectifs (localiser et identifier les cibles détectées par le radar HORIZON), en intervisibilité avec la station-sol.

Pour assurer une permanence entre l’abandon du MART (le 01/05/95) et l’arrivée du BREVEL, le 6e groupe du 7e régiment d’artillerie a reçu un aérodyne léger télépiloté de conception française : le Crécerelle.

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Pour en savoir plus sur le Mart, cliquer ici.

2. le système Crécerelle

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Système de transition, le Crécerelle ne possède pas moins de nombreuses qualités qui en font un matériel susceptible d’être exporté sur le marché international. Le programme Crécerelle a été lancé en 1992. La SAT [3] est responsable de sa mise au point et de sa fabrication en association avec la SAGEM et la filiale française de la société britannique TARGET-TECHNOLOGY LTD. Ce petit avion de surveillance tactique est à la disposition de la BRGE depuis le deuxième semestre de l’année 1995.

Les missions pour lesquelles il a été conçu, consistent en la surveillance des zones de combat et l’acquisition d’objectifs. Ses principaux atouts sont un prix relativement modéré (basé sur le système du « coût objectif » [4]) et une fabrication rapide de chaque ensemble.

De fait, chacun de ses composant est déjà « sur étagère », ce qui réduit la phase expérimentale habituellement longue et coûteuse. La rapidité de sa mise en place opérationnelle et la grande mobilité qui lui confèrent la légèreté de son matériel et sa faible dépendance des contraintes balistiques en font un système efficace.

Le programme Crécerelle se compose d’un vecteur très léger, l’aérodyne Spectre, développé par la société TTL. Comme le R-20, il est dérivé d’un avion-cible, le Banshee, appareil anglo-saxon. Il est autopiloté par calculateur numérique.

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Caractéristiques techniques du vecteur :

Envergure :3,30m
Longueur :2,70m
Masse totale :95 kg
(carburant, transmission et charge optronique)
Vitesse :120 km/h
Autonomie :6 heures (350 km)
Altitude de vol :300 à 2300 mètres

Sa capacité de pénétration du dispositif adverse est de trente à cinquante kilomètres, ce qui correspond à la zone de responsabilité de la division.

Le système de capteurs se compose de deux analyseursplacés en position ventrale [5].

  • Le premier est un système infra-rouge, le Cyclope 2000. -* Le deuxième opère dans le spectre visible, permettant la reconnaissance de points particuliers, sur un champ très large, avec une haute définition.

Dans le nez de l’appareil est placée une caméra TV panoramique (caméra CDD) qui fournit au télépilote le même panorama que celui que découvrirait un pilote embarqué. L’autonomie et la vitesse de l’appareil (relativement modestes) conjuguées à cette vision panoramique permettent ainsi la couverture d’une très vaste zone.

L’obtention des renseignements s’effectue au moyen d’une valise de réception (liaison montante de télécommande, deux liaisons descendantes de télémesure). Le télépilote visionne en temps réel les zones survolées par le capteur.

Le traitement des images IR permet quant à lui de réduire l’âge du renseignement à dix voire cinq minutes.

Un système au sol - composé d’une antenne asservie de récepteurs, d’ensembles de restitution et d’enregistrement - permet la visualisation et la conservation des données infra-rouges, visibles ou hertziennes.

La station sol ou « segment bord » se compose :

  • d’un dispositif de lancement, utilisé aussi au transport des six aérodynes après leur démontage ;
  • d’une équipe de récupération et de reconditionnement, munie d’un seul véhicule. La réparation nécessite trois heures par engin,
  • d’une équipe d’exploitation et de direction, appelée centre de direction et d’exploitation (CDE.

Bien qu’il ne soit qu’un système transitoire, CRECERELLE manifeste néanmoins de grandes qualités. Il est un complément indispensable du système CL 289-PIVER, dans le type de conflits engendrés par l’effondrement du régime soviétique et la multitude de petites crises violentes qui se sont substituées à une situation géostratégique stable.

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Crecerelle
Centre d’exploitation et de contrôle

Pour en savoir plus sur le CRECERELLE, cliquer ici.

[1] Mini avion de reconnaissance tactique

[2] Note du webmestre : en fait le Brevel ne verra jamais le jour. Il a servi uniquement de modèle conceptuel, dans le cadre des études des drones, dans le cadre d’une coopération binationale.

[3] Section des Armements Terrestres de la DGA

[4] Le MART quant à lui, relevait de "système bas coût". Mais il avait des imperfections soulignées après sa participation à la Guerre du Golfe et qui ont été prises en compte dans la rédaction du cahier des charges du Crécerelle.

[5] Les robots volants , Colonel Gilles de KHOVRINE, ancien Chef de Corps du 7e Régiment d’ Artillerie, L’Objectif, n° 67, janv. 1984.


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