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006- Historique du 6éme Régiment d’Artillerie
 

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Le 6ème Régiment d’Artillerie est le descendant direct du Régiment d’Artillerie d’Auxonne de l’Ancien Régime.

Car le 2 décembre 1790 un décret de l’Assemblée Nationale donne une nouvelle organisation à l’artillerie qui entrera en vigueur le 1er avril 1791. Désormais les régiments d’artillerie porteront un numéro correspondant à leur rang de création.

Ainsi naît le 6ème Régiment d’Artillerie.

Comme tous les autres régiments d’artillerie, il contribue à partir de 1791, à la constitution de batteries d’artillerie à cheval, afin de donner à la cavalerie des unités plus mobiles pour l’accompagner. En trois années on passe de deux batteries à trente. Il est alors décidé de créer neuf régiments d’artillerie à cheval [1] le 18 février 1794. Un portera le nom de 6ème Régiment d’Artillerie à Cheval.

DE LA REVOLUTION AU CONSULAT

Les guerres révolutionnaires

De 1792 à 1795

Le 20 avril 1792, la République déclare la guerre à l’Empereur d’Autriche. A la fin de l’été, l’armée prussienne s’empare de Verdun et envahit la Champagne. La première confrontation a lieu à Valmy, le 20 septembre 1792.Le 6ème RA y participe sous les ordres de son ancien chef pendant la guerre d’indépendance des États-Unis d’Amérique, le général d’Aboville. En souvenir de cette participation le nom de Valmy est inscrit sur l’étendard du 6ème RA.

Le général DUMOURIEZ et l’armée du Nord envahissent la Belgique. Le 6ème régiment d’artillerie participe avec 4 compagnies (2è, 4è, 5è et 11ème) à la bataille de JEMMAPES, le 6 novembre 1792, qui aboutit à l’indépendance de la Belgique puis à son rattachement à la France.

Avec l’armée du Nord, la totalité des compagnies à cheval du 6e Régiment d’Artillerie se battent à Fleurus le 26 juin 1794 ainsi que ses 4e, 5e, 13e, 14e et 15e compagnies à pied (ces mêmes compagnies seront à Limbourg le 13 octobre 1794).

La Révolution Française avait débuté sous des auspices peu favorables mais les éclatantes victoires de nos armées déterminent rapidement la Hollande, la Prusse et l’Espagne à faire la paix. Celle-ci est conclue par le Traité de Bâle le 05 avril 1795.

De 1795 à 1799

Les compagnies d’artillerie légère qui ont rendu des services si brillants et qui ont acquis une réputation largement supérieure à celles des troupes d’artillerie à pied, sont séparées de leurs régiments de tutelle par le décret du 7 mai 1795 (18 floréal an III). Elles forment désormais des régiments distincts, portant le même numéro que les régiments à pied mais avec l’appellation de régiment à cheval. Ces régiments, d’abord au nombre de neuf, seront réduits à huit en 1798, puis à six en 1802.

Malgré la ratification du traité de Bâle en 1795, la guerre continue contre l’Autriche, soutenue par les subsides de l’Angleterre. Toutefois, à la suite des succès remportés par l’armée française pendant la campagne d’Italie, l’Autriche signe à son tour la paix à Campo-Formio, le 17 octobre 1797. Ce traité met ainsi fin à la première coalition.

L’Angleterre reste alors notre seule ennemie et elle parvient en septembre 1798, à tourner en sa faveur la Russie, l’Autriche, Naples et la Turquie pour former la seconde coalition.

Il reste peu de traces des campagnes du régiment pour la période 1796-1799, exceptés quelques faits d’armes aux combats de Stokach du 23 au 25 mars 1799, de Magnagno le 05 avril, de Cassano le 27 avril, de Bergen le 19 septembre, d’Alkmaar et de Castricum les 1er au 04 novembre suivants.

L’année 1799, riche en batailles, entraîne également un profond bouleversement politique pour la jeune République car le 18 brumaire de l’an VII, le général BONAPARTE renverse le Directoire et tourne ainsi la page de la Révolution Française. Il impose le Consulat et prend désormais à sa charge l’actif et le passif de la décennie précédente.

LES CAMPAGNES DU CONSULAT

Grâce aux enseignements des guerres de la première coalition, l’artillerie du Directoire s’est caractérisée par l’effort accompli, par les commandants des grandes unités, pour mieux utiliser leurs batteries de tir. A cette fin, ils ont quelque peu modifié l’organisation de l’arme pour permettre la concentration des feux. Avec le Consulat le principe de la concentration des feux s’impose, notamment pendant la campagne d’Italie.

Situation du régiment de 1799 à 1802

De 1798 à 1800, les garnisons du 6e régiment d’artillerie restent les mêmes mais, au début du XIXe siècle, les 3e, 6e, 10e, 11e et 12e compagnies à pied et la 6e compagnie à cheval sont envoyées à l’armée d’Italie. Les 2e et 5e compagnies à pied et les 1e, 2e, 3e et 5e compagnies à cheval sont, quant à elles, à l’armée du Danube. En 1801, le dépôt du régiment est à Douai et on trouve trois compagnies à La Fère, une à Brest, une à Dieppe et une à Poitiers. Le 21 janvier 1802, l’état-major et le dépôt sont à Rennes tandis que les compagnies sont éparpillées en dix-neuf endroits différents.

La fin de la deuxième coalition

A la suite des batailles de Kirchberg le 12 juin 1800, de Marengo le 14 juin et de Hohenlinden le 03 décembre suivant, les brillants succès de nos armées forcent l’Autriche à demander la paix ; celle-ci est signée à Lunéville le 03 février 1801.

La seconde coalition prend fin momentanément avec le traité d’Amiens ratifié le 25 mars 1802 avec l’Angleterre. Jalouse de la prospérité toujours croissante de la France, l’Angleterre refuse cependant d’exécuter les clauses relatives à l’île de Malte et relance les hostilités en s’emparant, sans déclaration de guerre, de vaisseaux français croyant naviguer en toute sécurité.

Pendant que le gros du 6e Régiment d’Artillerie se distingue en Europe, trois de ses compagnies participent à l’expédition de Saint-Domingue de la fin 1801 à 1803. Les 18e et 20e compagnies du 6e Régiment d’Artillerie s’illustrent à Port-de-Paix mais, capturées par les Anglais le 29 novembre 1803, elles ne rentreront en France qu’onze ans plus tard ! Elles seront entre-temps remplacées à Cherbourg et à Nantes par la création des 18e et 19e compagnies de même que la 1e compagnie qui, décimée par une épidémie de typhus à la Guadeloupe, est recréée à Rennes en 1803.

LES PREMIÈRES CAMPAGNES DE L’EMPIRE

La troisième coalition
Dès 1803, BONAPARTE commence à constituer ses parcs d’artillerie en vue de préparer l’invasion de l’Angleterre qui est alors maîtresse de la Manche grâce à une flotte très supérieure en nombre et en qualité à la marine française.

Couronné Empereur le 18 mai 1804, Napoléon réunit toute l’armée à Boulogne dans le but d’envahir l’Angleterre. Malheureusement, le projet ne peut voir le jour car les anglais réussissent à former une troisième coalition avec la Russie, l’Autriche, Naples et la Suède. L’Empereur lève donc en hâte le camp de Boulogne, le 09 septembre 1805, quand les Autrichiens et les Russes entament les hostilités par l’envoi d’une première armée dans la vallée du Danube, une seconde en Italie et une troisième dans le Tyrol.

La Grande Armée se porte alors au-devant des Austro-Russes et le premier corps passe le Danube et prend position sur l’Isaar face à l’est, le second corps sur le Lech, le cinquième sur l’Iller face à l’ouest, le septième à Fribourg et le Grand Parc d’Artillerie à Nordlingen. A la suite des batailles de Wertingen, Memmingen, Albeck, Elchingen, l’armée russe du Danube, débordée et enveloppée par les corps de la Grande Armée, doit capituler à Ulm, le 20 octobre 1805, après un pilonnage intensif Le succès est total et l’Autriche perd la face aux yeux des pays coalisés (trente-neuf mille prisonniers dont vingt-cinq généraux).

Rattaché à la Grande Armée depuis le 26 août 1805, le 6e Régiment d’Artillerie fournit au premier corps la 9e compagnie à pied, au deuxième corps la 7e compagnie à pied, au septième la 5e compagnie à cheval et au Grand Parc d’Artillerie les 4e, 5e, 8e, 11e et 14e compagnies à pied et les 3e et 4e compagnies à cheval.

Ces unités vont participer à la victoire d’Ulm puis à celle d’Austerlitz, le 02 décembre 1805. Les Autrichiens et les Russes demandent alors la paix qui est conclue à Presbourg le 26 décembre suivant.

La quatrième coalition

Mais la paix est de courte durée car la Prusse, qui jusqu’alors était restée à l’écart du conflit, est mécontente de la formation d’une confédération des Etats du Rhin sous protectorat français et du refus de Napoléon de lui laisser former une confédération des Etats du Nord. Elle décide alors de s’allier à l’Angleterre et la Russie et fait marcher ses armées contre la France en septembre 1806.

La campagne est foudroyante. En un mois la Prusse est écrasée à Iéna et Auerstaedt (14 octobre) et tout le pays est occupé par la Grande Armée. L’Empereur fait son entrée solennelle à Berlin le 27 octobre. La campagne n’étant pas finie, l’armée entre à Varsovie le 30 novembre, en chassant les Russes de la place puis l’offensive se poursuit jusqu’à la victoire de Pulstuck le 26 décembre. Enfin, la saison étant trop rigoureuse et les chemins impraticables, l’armée prend ses quartiers d’hiver.

Les guerres de la quatrième coalition, bien entamées par la France, reprennent dès le début de 1807 par une offensive de l’armée russe qui espère ainsi surprendre la Grande Armée dont les quartiers d’hiver sont trop espacés. Mais cette tactique échoue et après plusieurs escarmouches, les deux armées se rencontrent à Eylau les 07 et 08 février ; la bataille, très meurtrière, est longtemps indécise, mais la victoire revient finalement à la France.

Les 2e et 5e compagnies à cheval du 6e Régiment d’artillerie sont employées dans la bataille et font preuve d’une extrême mobilité et d’une grande ardeur au combat. Cette sanglante affaire met fin ainsi à la campagne d’hiver, sans permettre réellement à l’un ou à l’autre camp d’emporter la décision.

En revanche, la campagne d’été se montre beaucoup plus déterminante. Pendant que Napoléon bat les Russes à Friedland avec, entre autres, la 11e compagnies à pied du 6e Régiment d’Artillerie, le 14 juin, le Maréchal LEFÈVRE, commandant le l0e corps d’armée fait le siège de Dantzig (18 mars - 24 mai), de Graudentz et de Colberg et s’en empare. Après Friedland et Heilsberg (10 juin), le Tsar acculé doit demander l’arrêt des combats et signer le traité de Tilsit le 07 juillet 1807, par lequel il s’engage à adhérer au blocus continental imposé par la France.

La cinquième coalition

L’Autriche qui veut prendre sa revanche, profite de l’enlisement des troupes françaises en Espagne pour lancer une offensive en Bavière le 12 mars 1809 et occuper Munich un mois plus tard.

Le 06 juillet 1809, la 1e compagnie à pied et des 1e, 2e, 3e, 5e, 6e et 7e compagnies à cheval du 6e Régiment d’artillerie participent également à la fameuse bataille de Wagram. Au cours du combat, les 5e et 6e compagnies à cheval sont la cible de plusieurs batteries autrichiennes qui leur causent de très grosses pertes. Au centre de la plaine, les 1e, 2e et 3e compagnies à cheval sont quant à elles intégrées dans la célèbre « batterie de Wagram » qui aligne cent pièces de canons sur un front de mille quatre cents mètres soit une pièce tous les quatorze mètres.

Voyant que la bataille reste incertaine, l’empereur confie le soin d’arrêter le centre de l’ennemi au Maréchal DROUOT qui commande le 3e Corps d’Armée. Celui-ci s’avance donc et, avec soixante pièces de réserve, se trouve bientôt seul en avant de la ligne de front. Malgré tout, il force l’ennemi à s’immobiliser en le criblant de mitraille et de boulets, pendant que le Maréchal DAVOUT, tournant les Autrichiens par la gauche, les met en déroute grâce à l’appui de soixante-quatre canons et de la « batterie de Wagram » qui hachent littéralement le centre autrichien.

Wagram, réunissant la plus grande concentration de pièces jamais vue sur un champ de bataille, est considérée comme la dernière grande victoire de Napoléon. Malheureusement son prix est élevé puisque trente-quatre mille français et alliés y sont soit tués, soit blessés, pendant que l’armée autrichienne perd de son côté plus de cinquante mille hommes.

Désormais, à la suite de cette sanglante bataille, le nombre de canons va de plus en plus souvent suppléer la valeur des troupes. Le nouveau concept de puissance de feu vient de voir le jour.

Cette campagne de 1809 se conclut par le traité de Vienne le 14 octobre 1809 et met ainsi fin à la cinquième coalition. La France connaît une légère accalmie entre 1809 et 1812, excepté en Espagne où la guerre va continuer jusqu’en 1814.

Rapport du Général de Division LARIBOISIÈRE, Comte d’Empire, commandant en chef l’artillerie de l’armée à Monsieur de SONGIS, premier Inspecteur Général de l’Artillerie.

« Votre excellence apprendra par les bulletins de l’armée les grands résultats des journées des 5 et 6 juillet 1809. Jamais on n’a vu une bataille aussi longue et où l’artillerie a joué un aussi beau rôle, c’est véritablement l’artillerie qui a décidé de la victoire, aussi a-t-elle fait des consommations et des pertes prodigieuses. L’artillerie de la Garde seule, a tiré 15 000 coups de canon et a eu 18 officiers, 259 sous-officiers et canonniers tués ou blessés, chevaux de trait tués. On a distribué dans le seul dépôt de l’île Napoléon (Ile Lobau), 2900 coups de canon dans les journées du 5 et du 6. Sa majesté évalue à 100 000 coups nos consommations, c’était une canonnade comme je n’en ai jamais entendu et qui a duré 45 heures ».

L’ENLISEMENT EN ESPAGNE, LA DÉBÂCLE EN RUSSIE, LA FIN DE L’EMPIRE

LE GUEPIER ESPAGNOL

1. Les premières défaites

Dans le but de faire appliquer par toute l’Europe le blocus continental, Napoléon ordonne la formation d’un corps d’armée destiné à occuper le Portugal et en fermer les ports aux Anglais. Formé en décembre 1807 à Bayonne, ce corps prend le nom de 1e Corps d’Occupation de la Gironde (comprenant les 15e et 16e compagnies à pied du 6e Régiment d’Artillerie) puis prend celui d’Armée du Portugal à son arrivée, le 23 du même mois. Par la suite, est formé à Bayonne en 2e corps, comprenant la 8e compagnie à cheval du 6e Régiment d’Artillerie, de nouvelle création.

Après avoir envahi le Portugal, l’Empereur veut, dès 1808, chasser la famille régnante d’Espagne et mettre à sa place sur le trône son frère Joseph. C’est dans ce but que sont créées le 20 février 3e et une 4e Armées qui entreront dans Madrid le 25 mars suivant.

Cependant, les événements politiques et les débarquements de troupes anglaises vont rapidement provoquer une insurrection générale dans tout le pays et l’armée n’aura plus désormais uniquement des unités ennemies à combattre mais toute une population en armes.

Ce soulèvement va d’ailleurs infliger à la France deux défaites inattendues et pourtant prévisibles : Baylen le 20 juillet et Vimeiro le 20 août 1808. Les troupes, inadaptées à cette nouvelle forme de guerre, vont lutter au prix de nombreuses difficultés, en alternant succès et revers, à travers un pays propice aux embuscades et contre des forces espagnoles insaisissables se soulevant de tous côtés. Le 21 juillet, alourdie par le pillage des villes, l’armée capitule à Baylen et la 8e compagnie à cheval du 6e régiment d’artillerie est faite prisonnière. Elle ne rentrera en France qu’en 1814.

Pour Napoléon, ce désastre brise le mythe de son invincibilité. Après la défaite de Vimeiro, la France doit signer la convention de Cintra qui stipule entre autre l’évacuation du Portugal.

Restent donc en Espagne les 10e, 11e, 12e, 13e et 19e compagnies à pied du 6e Régiment d’Artillerie fraîchement arrivées et les 15e et 16e à pied qui évacuent Lisbonne.

2. Contre-attaque et défaite finale

Face à ces événements, l’Empereur se rend en Espagne avec quatre corps d’armée, bat les espagnols à Burgos, Espinosa, Somo-Sierra, fait son entrée à Madrid et, poursuivant les Anglais jusqu’à la Corogne, les force à rembarquer précipitamment.

Avec l’arrivée de Napoléon, le 6e régiment d’artillerie se voit renforcé par sa 4e compagnie à cheval. Le siège de Saragosse (15 décembre 1808 - 14 février 1809), soixante et un jours dont vingt-huit de tranchées et trente-trois de combats ininterrompus, est l’une des plus belles et des plus douloureuses pages de l’histoire du 6e Régiment d’Artillerie et se signale par son atrocité.

En effet, ne sachant même plus sur qui tirer dans le dédale des rues et des barricades, Français et Espagnols se fusillent à bout portant et s’égorgent sur les toits et dans les caves.

Tandis que le siège de Girone (08 juin - 10 décembre 1809) se déroule dans des conditions analogues pour les 4e et 14e compagnies à pied, la 4e compagnie à cheval se bat à Ocana le 19 novembre et la bataille de Talaveyra voit l’anéantissement de la 11e compagnie à pied par le feu adverse mais non la capture de ses pièces d’artillerie qui peuvent être sauvées.

L’armée française s’empare ensuite de Tarragone et de Sagonte en juin et octobre 1811. Toutefois, malgré leur ardeur au combat, les troupes françaises commencent à battre en retraite après la défaite des Arapiles, le 22 juillet 1812. A Ciudad-Rodrigo les l0e et 12e compagnies à pied du 6e régiment d’artillerie sont faites prisonnières. Après cet échec, l’armée est obligée de reculer jusqu’à la frontière des Pyrénées. Ne réussissant pas à conserver Saint-Sébastien qui tombe le 08 septembre 1813, elle quitte définitivement le territoire espagnol.

La campagne s’achève enfin le 10 avril 1814 par la défaite de Toulouse.

La sixième coalition

1. La campagne de Russie

En 1812, le Tsar Alexandre, ulcéré par l’annexion de l’Oldenburg et gêné par le blocus continental qui ruine son pays, interdit les produits industriels français et ouvre ses ports aux marchandises anglaises. C’est la rupture avec la France et Napoléon, franchissant le Niemen le 24 juin, envahit la Russie avec six cent mille hommes.

A la suite de cette bataille, la Grande Armée, poursuivant sa marche, entre dans Moscou le 15 septembre. Mais, affaiblies car étirées sur des centaines de kilomètres, les troupes doivent battre en retraite à l’approche de l’hiver terrible qui s’annonce. Ainsi, sans avoir subi de défaite militaire, la Grande Armée va se désagréger toute seule, passant la Bérésina le 26 novembre par un froid terrible et arrivant sur le Niemen en piteux état le 14 décembre.

Seulement cinq mille hommes, constituant le gros de l’armée, parviendront en Allemagne, rejoints ensuite par quinze mille « traînards » isolés, rescapés de la poursuite. Le 6e Régiment d’Artillerie à Cheval, à l’exception de la 4e compagnie, disparait au cours de la retraite.

2. La campagne d’Allemagne

Le 17 mars 1813, les Etats Germaniques, comprenant que L’Empire français est touché à mort après la désastreuse retraite de Russie, s’unissent au Tsar et déclarent la guerre à la France. Avec une rapidité inouïe, Napoléon forme une nouvelle armée et le 30 avril, il est déjà sur la Saale. Aussitôt, il s’attaque aux Russes et aux Prussiens, les bat à Lutzen et à Bautzen les 2 et 16 mai.

Cette première campagne d’Allemagne prend fin après ces deux victoires françaises auxquelles participent les nouvelles compagnies du 6e Régiment d’Artillerie à Cheval ainsi que les 2e, 4e, 7e et l0e compagnies du 6e Régiment d’Artillerie à Pied.

L’Empereur qui a profité de l’été pour réorganiser, remanier et renforcer son armée, écrase l’armée de Silésie le 21 août et l’armée de Bohême le 26 mais le 1e Corps, chargé de poursuivre les Autrichiens, est anéanti à Kulm le 30 août.

Du 16 au 19 octobre, la ville de Leipzig est le théâtre d’une prodigieuse bataille qui se solde par la mise en déroute de l’armée française. Par la suite, toutes les garnisons laissées dans les places de la Vistule sont obligées de capituler : les 5e et 7e compagnies à pied du 6e Régiment d’Artillerie sont englobées dans la capitulation de Stettin et les 2e et 4e compagnies pied dans celle de Dresde.

LA CHUTE DE L’EMPIRE

Le 11 avril 1814, malgré des prodiges d’habileté, Napoléon, accablé sous le flot toujours croissant des ennemis et n’ayant plus qu’une poignée de soldats pour défendre Paris, est contraint d’abdiquer et de se retirer sur l’île d’Elbe.

Le 6e Régiment d’Artillerie à Pied est réorganisé à Douai avec des éléments de l’ancien 6e à cheval qui est dissous, les 16e et 23e compagnies du 9e Régiment d’Artillerie et la 5e compagnie de la Vieille Garde. Le nombre de ses compagnies passe de trente et un à vingt et un et cinquante-sept officiers sont mis en non-activité, ces mesures correspondant à une sensible réduction des effectifs mais aussi à une volonté non dissimulée d’écarter des fonctions militaires les officiers trop attachés à l’empire.

Le 1e mars 1815, Napoléon, croyant le moment favorable, débarque en France et chasse le gouvernement de Louis XVIII. Il réorganise tout de suite ses armées et, prenant l’initiative, attaque l’armée anglo-prussienne en Belgique. Mais, le 18 juin 1815, avec une armée de vétérans de 1814 et de prisonniers libérés des pontons anglais, il doit s’incliner à Waterloo. Neuf compagnies du 6e Régiment d’Artillerie y sont décimées.

L’Empereur est obligé d’abdiquer pour la seconde fois le 22 juin et se livre à l’Angleterre le 15 juillet. Il est envoyé à Sainte-Hélène.

En application de l’ordonnance du 31 août 1815 le 6e Régiment qui a payé un si lourd tribut à l’Empire, est licenciés à la Rochelle le 01 octobre (en même temps que le 7e).

ENTRE DEUX EMPIRES

Le 1er mai 1816, le 6e Régiment d’Artillerie prend le nom de Régiment de Douai et est formé de neuf demi-compagnies. A la fin de la même année, leur nombre passent à onze compagnies puis à dix-sept le 16 décembre 1817. Le régiment reprend le nom de 6e Régiment d’Artillerie à Pied le 30 septembre 1820.

En 1823, les sept premières compagnies sont désignées pour faire partie de l’Armée des Pyrénées qui intervient en Espagne pour soutenir Ferdinand VII, sur le point d’être renversé par les Cortes après son refus d’accorder une constitution. Elles partent pour Bayonne le 16 mars. Cette campagne, dans laquelle la France agit comme mandataire de la Sainte-Alliance, va renforcer le prestige de la nouvelle monarchie avec notamment la prise de Pampelune à laquelle prennent part les 1e, 2e, 4e et 5e compagnies.

Les opérations ont fait apparaître l’insuffisance quantitative de l’artillerie. Pour y remédier, le nombre des compagnies est porté de seize à vingt par l’ordonnance du 25 février 1825.

En août 1829, en exécution de l’ordonnance royale sur la réorganisation de l’artillerie, le régiment perd sa qualité de « Régiment à Pied », adopte le terme de batterie et en forme seize dont sept à pied, six montées et trois à cheval.

Jusqu’en 1837, le régiment connaît une période de paix propice à la réorganisation et dix-sept batteries sont finalement constituées.

Le 20 septembre 1837, un détachement, composé des 5e, 13e et 15e batteries, est envoyé en Afrique du Nord. La 5e batterie y reste jusqu’en janvier 1844, la 13e jusqu’en janvier 1849 et la 15e ne rentre en France qu’en mars 1853, après s’être illustrée au siège de Zaatcha entre le 07 octobre et le 26 novembre 1849.

Le 16 mars 1854, le 6e Régiment d’Artillerie est dissous en exécution d’un décret impérial du 14 février précédent, qui modifie de nouveau la composition de l’artillerie, il n’est recréé que le 13 mai 1867. Entre temps, le numéro 6 est porté par un régiment de pontonniers qui se distingue durant la guerre de Crimée, notamment au siège de Sébastopol en septembre 1855.

[1] Les pièces sont tirées par plus de chevaux et tout le personnel monte à cheval.


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