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1- Les évolutions des matériels entre-deux guerres
 

Évolution des matériels d’écoute de l’entre-deux guerres

Dès la fin de la guerre de 14-18, l’artillerie antiaérienne a besoin de matériels d’écoute plus compacts et plus précis, mais comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, les paraboloïdes de 3 mètres sont conservés. En 1939, des paraboloïdes fixes de type A, B, ainsi que des paraboloïdes montés sur remorque de type B et C, sont toujours en service.

De nouveaux matériels d’écoute sont expérimentés jusqu’en 1922, mais ils ne sont pas retenus. C’est cette année, que le professeur Perrin propose des capteurs sonores originaux (ou cellules d’écoute) qui vont équiper de nouveaux matériels.

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Deux entreprises, les établissements Sautter - Harlé (S.H.) et les établissements Barbier Benard et Turenne (B.B.T.) proposent des cellules d’écoute de formes différentes, et des essais sont effectués entre 1929 et 1930 à Metz et Toulon [1]. Ces nouveaux détecteurs au son sur socle ou remorque n’utilisent plus les myriaphones, mais des capteurs aux formes plus complexes adaptées aux fréquences des sons à écouter : cellule acoustique Marcelin [2] (B.B.T.) et cellule Sautter-Harlé (S.H.). Les performances de ces cellules sont identiques à celles du myriaphone, mais elles sont surtout plus faciles à fabriquer et moins fragiles.

Un miroir parabolique est placé au fond de la cellule S.H. atténuant les sons parasites, et renforçant les sons écoutés. Mais le champ de la cellule étant assez faible, l’écouteur de ce type de matériel exige un entraînement poussé.

La cellule B.B.T. de 1 mètre de diamètre est une sorte de myriaphone circulaire.

La transformation de 80 télésitémètres anciens est décidée en 1930 ; les myriaphones sont remplacés par des cellules B.B.T, et un indicateur de route à spot lumineux est ajouté.

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Le télésitémètre Mle 1931 permet de visualiser automatiquement la route de l’avion et de donner son gisement et son site. La portée moyenne est de 7000 mètres et de 10 000 mètres pour un avion volant à une altitude de 2500 mètres. Mais ce matériel ne peut être en service que dans les batteries fixes de la D.A.T : une équipe composée d’un chef d’équipe et de 10 canonniers est nécessaire, pour assurer le montage de l’appareil qui dure 4 heures.

Afin de satisfaire le besoin de mobilité des unités de D.C.A de la D.A.T. mobile, les deux sociétés (citées supra) proposent chacune en 1929 un matériel d’écoute sur remorque, doté d’un indicateur de route. Des essais sont effectués jusqu’en 1933 à Metz.

La mise en batterie de ces matériels est plus rapide (une dizaine de minutes pour la remorque d’écoute - type S), et l’équipe n’a pas besoin de renfort pour la mise en batterie.

Les avions sont devenus plus rapides (environ 150 km/h lors de la Guerre 14-18 à 350 km/h à la veille de la seconde guerre mondiale) et la portée des matériels d’écoute est toujours aussi limitée.

Les artilleurs sol-air ont donc besoin de diminuer le temps de réaction, entre la détection de l’objectif et le tir. C’est pourquoi en 1932, une nouvelle méthode de tir est proposée : utilisation par le PC 32 [3] des données d’écoute, après transformation automatique grâce à un correcteur d’écoute, en éléments de pointage. Ce matériel effectue les corrections suivantes : aberration acoustique (décalage avion entendu et avion réel), parallaxe, vent (vitesse et direction), température. Des correcteurs d’écoute adaptés à chaque type de matériels d’écoute sont proposés.

Les matériels suivants sont adoptés en 1934 :

  • remorques d’écoute Mle 1934 type B (BBT) [4] ou S (SH) ;
  • correcteurs d’écoute Mle 1934 type B (BBT) ou S (SH).
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Les remorques d’écoute, comme les correcteurs d’écoute sont des matériels volumineux, installés sur une remorque à deux roues équipée de quatre vérins. Ces matériels sont tractés par un camion qui transporte l’équipe.

Les matériels les plus encombrants (en position route) sont :

matérielpoidslongueurlargeurhauteur
remorque d’écoute type S 2400 kg3,90 m2,15 m2,85 m
correcteur d’écoute type B1800 kg4,56 m1,97 m2,15 m

Dans la batterie dotée du canon de 75 C.A. (Contre Aéronefs), les deux appareils d’écoute ainsi que le correcteur sont servis par des personnels appartenant à la section de commandement.

Afin d’équiper chacune des 118 batteries modernes [5] de la Défense Aérienne du Territoire (D.A.T.) de deux remorques d’écoute et d’un correcteur d’écoute, une commande est passée en 1934, et tous les matériels sont livrés dans les délais.

Des commandes supplémentaires de faibles importances sont faites, mais les deux entreprises préfèrent satisfaire des commandes plus importantes faites par des gouvernements étrangers.

Pour compléter à deux appareils d’écoute les batteries sur plate-forme, une commande de 50 exemplaires de l’appareil d’écoute Mle 1936 type S, adopté aussi par des armées étrangères, est faite en juin 1936. Ce matériel d’un poids de 450 kg, servi par une équipe de 6 hommes, est mis en station en moins de 15 minutes.

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En septembre 1938 au moment de la crise des Sudètes et de l’accord de Munich, l’artillerie antiaérienne est répartie dans les forts entourant Paris. Les batteries sont essentiellement dotées de 75 mm anti-aériens Mle 32, mais elles manquent de moyens d’alerte. L’état-major exprime en 1939, le besoin en appareils d’écoute légers, destinés aux postes de guet de la D.A.T. Les établissements SAGEM (Société d’Applications Générales d’Electricité et de Mécanique), en liaison avec les services de l’Armement, proposent rapidement l’appareil d’écoute léger Mle 1939. La fabrication commence en 1940 mais seuls quelques matériels sont livrés avant l’Armistice. Au moment de l’entrée en guerre, il existe un déficit en matériels d’écoute [6].

A l’ordre de bataille d’avril 1940, les 21ème, 22ème et 23ème batteries du VIIème Groupe du 404ème R.A.D.C.A. sont installés chacune sur un train. Celui-ci comporte entre autres quatre wagons plats pour les pièces, un wagon pour le PC 32 et un wagon plate-forme pour l’appareil d’écoute [7].

[1] A Longueville - lès - Metz est installé le Cours pratique de défense contre aéronefs (CPDCA) et son annexe, le Centre d’instruction de télémétrie est à Toulon depuis 1923.

[2] Brevet d’invention n° 685 393 « Perfectionnement aux récepteurs acoustiques pour appareils d’écoute » déposé le 22 novembre 1929.

[3] Expérimenté à Toulon, le Poste Central de tir contre avions Mle 1932 (PC 32) est un appareil de conduite de tir conçu par le capitaine R. Ribérolles et construit par les Etablissements Aufière.

[4] Les appareils d’écoute type BBT seront appelés familièrement Oreilles de Mickey.

[5] Les canons de 105 mm CA et les canons de 75 mm CA sont modifiés afin de pouvoir prendre à partie des avions volant à une vitesse de 100m/s, et de pouvoir tirer jusqu’à 7500 m d’altitude.

[6] Pour le Haut-Commandement, jusqu’à la guerre d’Espagne, seule l’aviation de chasse est en mesure de s’opposer efficacement à l’ennemi aérien, c’est pourquoi l’équipement des unités de DCA n’a pas été prioritaire.

[7] Source : « Un siècle d’histoire de la Défense Sol-Air » par le colonel Petit (er) sur le site BASART.


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