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C. Les convois
 

Les convois

1. Des fausses alertes

Les demandes d’autorisations se succèdent et reviennent régulièrement avec soit l’accord des croates et le refus bosniaque soit l’inverse. Après la visite du général Janvier, Force Commander, un accord de principe est établi entre l’ONU et la Bosnie-Herzégovine (fédération représentée par M. MURATOVIC).

Le problème vient aussi de la liaison avec le secteur SW de l’ONU qui par son DL est en relations avec les autorités de Mostar (Herzeg-Bosna) et de Sarajevo (Bosnie) et qui a du mal à suivre les nombreux dossiers d’autorisations demandées. Un espoir vient pour le 14. Accord Croate mais refus de Mostar. Pour le 16 accord de Mostar mais les croates prétendent ne pas être au courant et refusent leur visa. Espoir pour le 18 ?

Commentaires :
La BMN apprendra plus tard par voie de presse que la Croatie et l’Herzog-Bosna avaient peur que la BMN et ses canons ne viennent les empêcher d’agir librement dans les Kraïjna et ont fait ce jeu au maximum pour ennuyer l’ONU. D’autre part forcer le passage n’aurait servi à rien car les convois n’étaient pas tous blindés, loin s’en faut et les convois suivants auraient trouvé la frontière fermée pour longtemps.

Le 17 août au soir, bonne nouvelle, le convoi du 18 est autorisé et c’est une section de tir avec des munitions, un PC et un peu de logistique. Les convois suivants sont planifiés à nouveau et l’espoir revient. Le convoi part sous la pluie à 6H30 et s’étant vu interdire la frontière principale, il monte à Mali Prolog, un petit poste à l’écart où les croates exigent que passent les convois de l’ONU. A 8H00, refus de passage pour cause de cachet sur le document de passage. Fax du document par la PC sud ouest (G. Vakuf) puis envoi d’un hélicoptère pour larguer le papier au chef de convoi. Nouveau refus pour manque des chiffres repères validant l’autorisation. Nouvel appel, nouveau fax, nouvel hélicoptère et accord des croates et refus des gens d’en face qui prétendent exiger un manifeste avec des listes de véhicules. Pour mémoire ces documents sont à Sarajevo entre les mains des autorités bosniaques. Dans l’après-midi déblocage par un officier de liaison ONU de Mostar (espagnol) qui apporte ce qui va bien. Passage de la frontière. Les AuF1 sont déchargés deux fois des porte-chars pendant le transport, pour franchir des ponts affaiblis, dont un limité à 8 tonnes (CAPLINIA). Arrivée au parking de Tarcin le soir au pied d’Igman. Montée immédiate vers Igman.

Commentaires :
Les difficultés subies étaient manifestement voulues et la patience a été bien utile. Les croates des deux côtés de la frontière sont de mèche. La tâche politique et diplomatique de l’ONU interfère là directement. Les reconnaissances effectuées précédemment ont été fort utiles. Pas de problèmes techniques.

2. Une suite de coups tordus

Le second convoi part le 18 août aux mêmes horaires que la veille. Mali Prolog un samedi. Les croates donnent leur accord et les papiers sont en règle. Mais en face, ils refusent le passage sous le prétexte que le passage était planifié la veille et n’est plus valable. Attente d’un règlement avec les autorités de Mostar. Le responsable des relations avec l’ONU à Mostar (M. BOZIC) est parti en week-end à Split en laissant la consigne de refuser le passage. Le secteur sud ouest ne semble pouvoir rien faire. L’officier de liaison espagnol fait son possible. Refus continuel. Les ordres de la BMN viennent : menacer les croates de bloquer la frontière en faisant des bouchons et faire venir la presse. Le barrage fonctionne à 19H00. Dans les minutes qui suivent, la police croate vient s’insurger de cette mesure et profère des menaces d’arrestation... Le bivouac s’organise sur l’étroit chemin d’accès à la frontière. Dimanche matin, barrage filtrant, énervements croates et pas de passage. M. BOZIC ne daigne pas bouger. Les journalistes arrivent à 16h00 puis la télévision (UN TV News) à 17h00. L’interview des policiers tourne au vinaigre. Lundi matin, la situation est traitée par Zagreb qui indique un déblocage possible bientôt. Nouvelle nuit sur place avec ravitaillement depuis Ploce. Mardi midi, feu vert, le départ est autorisé et la route est ouverte. Mostar, poste de contrôle bosniaque. Arrêt parce que le convoi a 3 jours de retard ! 4 heures d’attente puis route de nuit vers Tarcin. Au parking, rencontre des reconnaissances et le convoi apprend que la section de tir a tiré à 20H30. Les autres convois arriveront presque sans encombre. Expérience ou usure de nos contradicteurs...

Commentaires :
Les ennuis étaient programmés en partie et l’autre cause est le manque de coordination entre l’antenne à Ploce et le Secteur Sud Ouest qui n’ont pas su mettre à jour toutes les demandes d’autorisation décalées cinq ou six fois.

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