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Postes radio français de la période 1918-1940
 

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Article en construction.

Après le premier conflit mondial, avec le budget en baisse, il n’y a pas d’évolution majeure.

On continue d’employer des postes uniquement émetteurs (E) ou récepteurs (R). Mais de plus en plus, on couplera les postes émetteurs et récepteurs (ER). Pour autant on pourra aussi trouver un poste émetteur récepteur couplé avec un récepteur auxiliaire...

Dans l’artillerie, on dispose d’émetteurs E-10.

Le poste E-10 Artillerie

AVANT PROPOS

Le poste E-10 Artillerie est, comme les autres postes de la série E-10, l’aboutissement d’études et d’expérimentations selon lesquelles des résultats très supérieurs sont obtenus en remplaçant les émissions en ondes amorties par les émissions en ondes entretenues. ce qui va générer une production de postes de deuxième génération, comme le E-3 (portée de 10km) installé sur véhicules légers ou fixe, alimenté par accumulateur, au profit des corps d’armées et armées. l’E-10, moins puissant dotera les divisions, mais en plus de l’E-10 "artillerie", on aura aussi l’E-10 "avion", l’E-10 "chars" et même un E-10 pour les liaisons internes aux divisions.

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L’E-10 artillerie est donc un poste émetteur récepteur à ondes entretenues pures travaillant dans la gamme 550 - 750m. Il peut éventuellement être utilisé pour les communications téléphoniques à très petite portée.

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Il équipe les unités d’artillerie lourde, de montagne et de position. Il sera remplacé par le poste ER-12.

Il pèse 300kg avec tous ses accessoires et sa portée est de l’ordre d’une trentaine de kilomètres avec l’antenne normale de 7m de haut.

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Dès 1930, l’artillerie reçoit aussi des récepteurs qui permettent de recevoir les postes d’infanterie et ceux embarqués dans les avions : c’est le R-11 qui est utilisé.

Le poste R-11

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Le R-11 est un récepteur radioélectrique adopté en 1930. Il permet la réception des ondes amorties, des ondes entretenues pures ou modulées et de la radiotéléphonie dans la gamme 100 - 1000m.

Il est utilisé dans les liaisons avion-sol (AIR-SOL). Il est portable et pèse environ 20 kg. Il travaille dans la gamme des 200 à 1000m LO.

L’émission de l’avion est reçue sur le R-11, la réponse est faite au moyen de panneaux (4m x 0,70m) disposés selon un code simplifié [1].

Cet appareil est destiné principalement, à l’écoute des avions d’accompagnement d’infanterie et des avions de contrôle de tir. A chaque appareil placé dans ce but est joint un jeu de panneaux pour la liaison dans le sens terre-avion. Dans l’artillerie les appareils R-11 sont aussi utilisés, soit à l’écoute du réseau ER-17 de l’infanterie appuyée, soit à l’écoute des émissions des organes d’armée relatives à l’heure, au sondage, etc.

D’un poids total de 37kg environ, le poste est servi par une équipe composée d’un gradé et de deux hommes. Ce personnel permet d’assurer l’exploitation permanente et le transport à bras du matériel.

Un avantage du poste R-11 est de pouvoir, grâce à son cadre, être mis en station immédiatement sans antenne et de permettre ainsi à une troupe d ’utiliser tous les arrêts pour recevoir l’avion sans aucune perte de temps.

Un autre avantage du cadre est qu’il confère une protection notable contre les émissions perturbatrices.

Un avion muni appareil E-34 peut être reçu facilement :

  • sur un cadre jusqu’à 6km,
  • sur antenne de 2m jusqu’à 12km,
  • sur antenne de 4m jusqu’à 30km.

On a pu assez souvent suivre un avion émettant sur un E-34 jusqu’à 60km avec l’antenne sur perches de 2,50m.

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L’arrivée des ondes courtes au début des années 1920 entraîne un abaissement des puissances et l’accroissement des gammes de fréquence. Il est alors possible d’améliorer les récepteurs (postes hétérodynes) et leur miniaturisation.

En 1925, un plan d’équipement est lancé par le général Ferrié pour l’infanterie et l’artillerie mais en 1930 tout n’est pas livré dans les divisions d’infanterie : retards de livraison, quantités non conformes aux commandes. On y trouve des postes émetteurs-récepteurs ER 17, ER 12, ER 22. (fonctionnant aussi en radiotéléphonie),ER 13 et ER 40 portatifs et miniaturisés.

Le poste ER-17 Mle 31

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Le poste ER-17 modèle 1931 est un émetteur récepteur en graphie, fonctionnant en modulation d’amplitude (AM).

  • Bande de fréquence : 1498 à 2997 KHz ;
  • Portée : 5 à 15 km

L’appareil ER-17 est destiné principalement aux liaisons intérieures des corps de troupe. Il est aussi employé provisoirement dans des réseaux de commandement.

D’un poids total de 60kg il est servi par une équipe composée d’un gradé et de 3 hommes. Ce personnel permet d’assurer l’exploitation permanente et au combat, le transport à bras du matériel.

En terrain favorable, moyennement accidenté le poste ER-17 alimenté par une machine à main, permet les portée suivantes avec une hauteur d’antenne de :

  • 0,50m : portée 4km,
  • 1m : portée 6km,
  • 1,50m : portée 9km,
  • 2m : portée 12km,
  • 2,50m : portée 15km.

NB : Une variante existe : le poste ER-17 modèle 1933 ou le milliampèremètre rond (en haut et à droite) est remplacé par un milliampèremètre-voltmètre rectangulaire.

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Le poste ER-12 Mle 34

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Le poste ER-12 modèle 1934 est un émetteur récepteur en graphie, fonctionnant en modulation d’amplitude (AM).

  • Bande de fréquence : 300 à 600 KHz ;
  • Portée : 8 à 20 km
  • Alimentation : piles ;

L’appareil ER-12 est destiné à équiper les réseaux de commandement munis initialement d’E 1O ou d’ER-17.

Il équipera aussi les réseaux d’observation d’ A.L.C.A. [2]

D’un poids total d’environ 60kg, il est servi par une équipe composée d’un gradé et de 3 hommes. Ce personnel permet d’assurer l’exploitation permanente et au combat le transport à bras du matériel .

En terrain moyennement accidenté le poste ER-12 alimenté par machine à main permet :
-  avec une hauteur d’antenne de 2 m. une portée de 12Km environ.
-  avec une hauteur d’antenne de 4 m, une portée de 20km environ.

Il a été utilisé par l’artillerie ou encore les bataillons de DCA.

Le poste ER-22 modèle 1933

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Le poste ER-22 est un émetteur récepteur à modulation d’amplitude (AM) travaillant normalement en radiotéléphonie dans la gamme 60 - 120m. La liaison peu aussi se faire en radiotélégraphie par ondes entretenues, pures ou modulées.

  • Bande de fréquence : 2498 à 4996 KHz ;
  • Portée : 5 à 12 km.

L’appareil ER-22 est destiné aux liaisons intérieures des groupes d’artillerie de 75 et de 155 court. On l’utilise en général, entre le Groupe et l’observatoire de Groupe (fig 35).

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D’un poids total de 60kg, il est servi par une équipe composée d’un gradé et de trois hommes. Ce personnel permet d’assurer l’exploitation permanente et au combat le transport à bras du matériel.

En terrain favorable, moyennement accidenté, le poste ER-22 alimenté par machine à main permet :

  • avec une hauteur d’antenne de 1m, une portée de 3km en phonie,
  • avec une hauteur d’antenne de 2m, une portée de 4,500km en phonie,
  • avec une hauteur d’antenne de 2,50m, une portée de 5,500km en phonie.

Des portées supérieures peuvent être obtenues dans des conditions très favorables.

Le poste ER-13 Mle 36

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Le poste ER-13 modèle 1936 est un émetteur récepteur en graphie, fonctionnant en modulation d’amplitude (AM).

  • Bande de fréquence : 30 à 1000 KHz ;
  • Portée : 100 à 200 km
  • Alimentation : dynamotor ou secteur ;

Ce matériel équipe les grandes unités, mais aussi l’artillerie et les FTA (artillerie de DCA).

Le poste ER-40 mle 37 mod.39

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Dit "ER 40 artillerie"

Le poste ER-40 est un émetteur récepteur à modulation d’amplitude (AM) fonctionnant en phonie ; deux antennes fouet.

  • Portée : 5 à 6 km.
  • Poids : 20kg.

L’artillerie les utilise dans les communications artillerie - avions d’observation.

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Sonora ER 40
Modèle artillerie

(fabrication : Sonora-Radio ou GMR à Montrouge)

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Les équipements livrés dans les unités blindées (ER 51, ER 52 et ER 52 bis ne sont pas antiparasités, donc difficilement audibles.

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L’aviation, qui relève encore de l’armée de terre, est dotée de postes E 34 et E 31 bis pour assurer les liaisons sol-air.

Le poste E-34

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Le poste émetteur E-34 est un poste permettant l’émission d’ondes entretenues modulées dans la gamme 210-500m. Il est presque identique au poste E-31 bis, mais a une antenne plus sophistiquée (50m) qui lui permet, avec une prise intermédiaire apportée par une self additionnelle, d’avoir 3 prises d’antenne.

D’un poids inférieur à 25 kg, il équipe les avions de division. Il peut atteindre une portée de 10 à 60km (en fonction de la hauteur d’antenne déployée au poste récepteur R-11.

Ce poste est similaire à la gamme près au poste E 31 bis (émetteur avion pour liaison avec l’artillerie lourde).

Le poste E-31 bis

Le poste émetteur E-31 bis est un poste permettant l’émission d’ondes entretenues modulées dans la gamme 510-930m.

D’un poids inférieur à 25kg, il équipe les avions de contrôle de tir d’artillerie lourde. Il peut atteindre une portée de 100km. La réception se fait à terre par le récepteur R-11 avec une antenne sur perche de 4 mètres.

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Les unités stationnées outre-mer sont équipés de postes ER 26 bis jusqu’en 1945.

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A partir de 1930, un matériel de deuxième génération est mis au point pour accompagner la mécanisation avec l’apparition de nouveaux blindés plus rapides qui exigent des systèmes plus réactifs. Les postes ER 27 et ER 26-ter équipent des véhicules tout terrain puis des chars et automitrailleuses. Le poste ER 29, élaboré en 1938, sera mis en service dans les unités blindées durant l’hiver 1939-1940. . Un modèle plus réduit, l’ER 28 est adopté plus tard.

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En 1940, les matériels ER 17, ER 12, ER 22 et ER 40, dont les études datent des années 1920, sont périmés. Certains ont souffert de leurs conditions de stockage, notamment en zones humides. La fabrication de postes de la génération ER 27 et ER 27-ter est lancée trop tard, les premiers sont livrés à partir de 1937, mais à peine 10% du parc est équipé.

Au final, on aborde la guerre en 1939 avec des matériels très peu différents de ceux de 1918...

Commentaire de Gaston Dessornes : "On doit ces infos à Aimé Salles, probablement le meilleur spécialiste actuel des Transmissions Militaires de leur début à 1944. Il a publié deux volumes traitant des "Matériels des Transmissions" abondamment illustrés dont des photos inédites ; Également deux CD qui recouvrent les deux volumes.
On peut regretter qu’il ne touche pas aux dotations qui nous éclaireraient sur les disponibilités "radio" aux Armées et aux grandes unités (ne parlons pas, hélas, des petites qui, à l’exemple du Gal. Gamelin, se contentaient de motocyclistes. Mais les cours de Metz ne parlaient-ils pas encore de pigeons voyageurs ?).
... et quel crève-cœur de découvrir nos meilleurs matériels aux couleurs Allemandes... Pire même, des améliorations exigées lors de leur fabrication en séries, en France jusqu’à la Libération...

[1] Ce lot de panneaux inclus dans l’Unité Collective comprend un panneau d’identification (Bataillon, Régiment,...) et quatre panneaux rectangulaires de signalisation permettant de coder par leurs positions les chiffres de 00 à 99. Chaque chiffre correspondant à une information ou à un ordre défini par la procédure (exemple : 03=indiquer la direction et la distance de l’objectif)

[2] ALCA : artillerie lourde de Corps d’armée.


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