Histoire de l’Artillerie, subdivisions et composantes. > 2- Histoire des composantes de l’artillerie > L’Aviation d’observation de l’artillerie. >
Marcel Coadou (1897-1985)
 
Cette biographie est rédigée par le Major (er) Richard Maisonnave [1], à l’occasion de l’exposition du Musée de l’artillerie à Draguignan, pour la commémoration de l’année 1918, après avoir répondu à la question suivante : "Qu’est ce qu’un As ?"

Un As est au jeu de cartes ce que le pilote est à l’aviation ; le plus fort !

Les pilotes de la Grande-Guerre gagnent ce titre après avoir abattu cinq appareils ennemis. Pour cela, le pilote, faute de caméras, doit prouver sa victoire en apportant une preuve matérielle de la destruction de son adversaire : un morceau du tissu du fuselage, le carnet de bord etc. ; sinon deux témoins oculaires, en vol ou au sol suffisent. Lorsque la preuve est établie, la victoire est alors homologuée. Le pilote reçoit une palme sur le ruban de sa croix de guerre. Si l’ennemi s’écrase dans ses lignes et qu’il n’y a pas de preuve avérée, l’avion est comptabilisé, mais pas homologué comme victoire. Ainsi René Fonck, l’As des As, compte 75 victoires pour 126 avions abattus, et Marcel Coadou, le benjamin de 1918, 9 victoires pour 15 avions abattus. Fin 1918, l’aviation française totalise 182 "as" pour 1756 victoires homologuées avec un total probable de 3950 appareils ennemis abattus.

UN « AS » BRETON DANS UN CŒUR VAROIS

Marcel Coadou (1897-1985) est un breton de Saint-Brieuc, né dans une famille de marins sans attirance pour la mer. En 1914, son engagement est refusé. Trop jeune !

Qu’à cela ne tienne, il apprend à piloter dans le civil et obtient le brevet n° 1948 chez Blériot. Aussi, dès son 18ème anniversaire, il rejoint l’aéronautique militaire qui lui fait faire son apprentissage de pilote de guerre sur Farman et Caudron G3, G4, G6, avant de l’affecter à l’escadrille de reconnaissance C9 en 1916.

En bon breton tenace, il arrache au ministre de la Guerre lui-même l’autorisation de devenir pilote de chasse en avril 1917. Au sein de l’escadrille N88 puis de la SPA 88 il pilote enfin le fameux Spad. Expérimenté avec ses 180 heures de vol sans casse, il abat son premier avion « boche » le 1er août 1918. Excellent pilote et inventif, il développe pour son Spad un système de double alimentation en carburant qui lui permet de voler sur le dos, « en inversé », sans coupure de moteur.

A la fin de la guerre, il totalise 15 victoires dont 9 homologuées, fait partie des « AS » (pilotes avec 5 victoires homologuées au moins) et a été fait Chevalier de la Légion d’honneur à 21 ans.

Pilote civil sur une ligne aérienne franco-roumaine de 1920 à 1924, il s’inspire de sa connaissance aéronautique pour construire, en 1929, deux engins avant-gardistes : l’aérolithe, une voiture aux courbes aérodynamiques, adoptée par Citroën, puis le vélolithe, une bicyclette motorisée et carénée, ancêtre du scooter.

Commandeur de la légion d’honneur en 1937, il s’engage en 1939 comme adjoint au Commandant du groupe de chasse l/ 2, descendant de l’escadrille des cigognes de Guynemer et de Fonck. Après la défaite de 1940, il entre dans la Résistance comme agent de liaison et de renseignements. Puis en 1948, il devient varois, emménage à Boulouris, où il baptise sa villa « MS406 », du nom de l’avion Maurane-Saulnier qu’il pilotait en 1939.

Avec son épouse Sabine, également pilote, ils développent l’aéro-club de Fréjus-Saint-Raphaël, notamment avec des rallyes aériens internationaux et la formation de centaines de pilotes. Créateur infatigable, il invente en 1950 « l’ABC du pilotage », maquette de cabine manipulée par un instructeur qui n’est autre que l’ancêtre du simulateur de vol.

Décédé en 1985, le commandant Coadou laisse son nom sur une stèle de l’aéro-club de Fréjus-Saint-Raphaël, à une place de Saint-Raphaël, une rue de Lannion (22) dont il avait créé l’aéro-club en 1934 et dans cette exposition.

[1] Commissaire de l’exposition.


____________

Base documentaire des Artilleurs