Histoire de l’Artillerie, subdivisions et composantes. > 2- Histoire des composantes de l’artillerie > L’artillerie des Troupes de Marine : les "bigors". >
L’artillerie de Marine - Ses origines
 
En 1622, Richelieu crée les "cent compagnies de la mer". Cette première troupe d’infanterie de marine, appelée à former la garnison des vaisseaux du roi, devient, en 1626, le régiment "La Marine". En 1683, les "compagnies franches" sont envoyées au Canada, tandis que les "compagnies de bombardiers de la marine" sont affectées à la défense des ports du Ponant (Brest et Rochefort) et du Levant (Toulon).
Le Corps Royal d’infanterie et d’artillerie de marine créé en 1769, est remplacé en 1772 par le Corps Royal de la marine composé de huit régiments, dits des ports, dont ils portent les noms : Bayonne, Bordeaux, Brest, Le Havre, Marseille, Rochefort, Saint-Malo et Toulon. Pour la première fois, leurs drapeaux d’ordonnance portent l’ancre de marine, marque symbolique que les troupes de marine ont conservée sur leurs attributs jusqu’à nos jours.
L’artillerie de marine participe aux campagnes de l’Empire, avec sept brigades et, à partir de 1804, avec les quatre premiers régiments d’artillerie de la marine qui s’illustrèrent en 1813, en particulier à Lützen, la plus ancienne inscription de bataille figurant sur les emblèmes des troupes de marine.
Au XIXème siècle, le développement des possessions outre-mer se traduit, à partir de 1822, par un accroissement des effectifs des troupes de marine.
Au milieu du siècle, la Marine ayant créé des formations de fusiliers-marins et de canonniers-marins, fantassins et artilleurs de marine abandonnèrent le service des armes et la manœuvre des agrès aux matelots. N’étant plus que transportés à bord des bâtiments, les fantassins de marine furent surnommés "marsouins" par les matelots, par référence aux cétacés qui accompagnent les navires. Quant aux "bigors", leur surnom proviendrait de l’assimilation des artilleurs de marine à des bigorneaux, les soldats étant débarqués des navires pour être désormais fixés à leurs batteries côtières, comme les coquillages sur le rocher.
Certaines vitrines du musée des troupes de Marine présentent les combats de la "Division Bleue", qui lutta jusqu’à la "dernière cartouche" dans les Ardennes, les 31 août et 1er septembre 1870. Les régiments coloniaux, engagés pour la première fois dans une même grande unité, furent aux prises avec le 1er Corps bavarois. Leur résistance héroïque, deux jours durant, leur couta deux mille six cents hommes. De ces terribles moments naquit l’esprit de corps d’une arme, où, depuis cette date, on fait référence aux forces morales qui fondèrent alors la détermination des marsouins et bigors : seule une troupe professionnelle, aguerrie par les campagnes coloniales, eut la volonté et la capacité de "faire Bazeilles". Le village fut anéanti à l’issue de la bataille.
En 1900, les troupes de marine quittent la Marine et sont rattachées au ministère de la Guerre (armée de terre) sous l’appellation nouvelle de "troupes coloniales". Les troupes coloniales devinrent troupes d’outre-mer en 1958, puis à nouveau, troupes de marine en 1961.

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