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0- Introduction
 

En généralités, avant d’aborder des points plus précis dans les articles qui suivent, il est fait référence aux écrits d’un ouvrage souvent cité sur ce site : "Histoire de l’artillerie française" de Michel Lombarès avec le concours d’officiers généraux de l’artillerie, polytechniciens pour la plupart dont un certain a été inspecteur de l’artillerie.(P Renaud et Cazeilles, Boussarie et Coulloumme-Labarthe).

L’emploi de l’artillerie en Algérie se fait différemment de celui pratiqué en Indochine où il était impossible de conduire une action sans l’appui de celle-ci. Il est vrai que les conditions locales sont différentes puisque l’on passe progressivement d’opérations de maintien de l’ordre et de pacification à la destruction de bandes armées, puis à des opérations d’isolement des pays voisins par des barrages frontaliers.

Au début, la majorité des groupes engagés sont des groupes [1] à pied, sans canon, donc employés comme de l’infanterie (en particulier, faute d’ennemi aérien, c’était la règle générale pour les groupes issus des FTA) . En cela il y a continuité avec ce qui a été pratiqué en Indochine où des artilleurs se livrent aux opérations commandos. Certains d’ailleurs excellent dans ces pratiques en Algérie, tout comme ce fut le cas du commando Bergerol en Indochine.

Pour ce qui est des groupes équipés de canons, deux modes d’emploi se distinguent :

  • une artillerie de position, protégeant les secteurs ou sous-secteurs déployés sur le terrain, en protection des forces certes mais aussi des villes ou villages ralliés ; on y trouve des pièces de 75 mle 1897, du 105 L 36, du 155 court 17, installés pour tirer "tous azimuts" ;
  • une artillerie d’intervention mise sur pied au fur et à mesure du durcissement des opérations, donc progressivement passant du niveau section à celui de la batterie puis du groupe des divisions d’intervention, épaulées par les unités canons des secteurs intéressés ; elles sont équipées du 105 HM2 et appuient les opérations de bouclage par des tirs d’encadrement, puis préparent et soutiennent l’attaque.

La nature du terrain aurait imposé un recours fréquent à l’observation aérienne, comme ce fut le cas en Indochine pour les reconnaissances, les liaisons, la topographie et l’observation. Mais la transformation des groupes d’observation en ALAT a rendu son usage moins fréquent.

La participation modeste de l’artillerie aux opérations à l’intérieur du territoire devait prendre un rôle de premier plan sur les frontières, avec un retour d’expériences fort utile qui aura des conséquences par la suite, notamment dans le couplage radars-canons et la réalisation de boucles courtes entre le poste central de chacune des sections de tir et le centre du renseignement et du tir constitué au niveau du groupe d’appartenance.

(Voir cet article sur l’emploi de l’artillerie antiaérienne sur les barrages cliquer ici).

Il s’agit bien entendu de l’emploi sur les barrages [2] constitués aux frontières entre les fellaghas et leurs bases étrangères dans les pays riverains (Maroc et surtout Tunisie). Le matériel le plus souvent utilisé est du 150 triflèche ou du 90 antiaérien tirant à terre, "tous azimuts", organisés en sections de trois à quatre pièces, agissant selon des plans de feux avec des tirs préparés et repérés avec des recouvrements sur les objectifs, les radars des sol-air et les projecteurs qui complètent avantageusement de jour et surtout de nuit le réseau d’observation des artilleurs et des patrouilles. Initialement les radars sol-air servent à recueillir les échos mobiles, donc à pouvoir discerner un groupe de quelques hommes jusqu’à une distance d’une quinzaine de kilomètres ; ils sont complétés par la suite par des radars de surveillance qui permettaient notamment de guider les troupes d’intervention vers les adversaires.

Quand les circonstances l’exigent, et pour marquer un effort sur une zone au gré du renseignement acquis , des sections ou batteries de 155 et des groupes de 105 HM2 viennent en renforcement, en occupant des positions reconnues à l’avance et constituant des points d’appui prolongeant ainsi l’efficacité des barrages.

[1] Selon le volume de référence, la moitié des cadres de l’artillerie française était utilisée dans ce type d’unités, ce qui n’a pas été sans conséquences dans le passage à la modernisation de notre artillerie post seconde guerre mondiale.

[2] Voir ces articles sur d’autres sites précisant la nature des barrages : 1er article montrant quelques photos sur un barrage électrifié, dont une sur un radar en position ; 2ème article ouvrant de larges consultations sur le sujet, dont une étant l’objet d’un article dans cette rubrique.


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