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140- La numérisation de l’artillerie : une vieille histoire
 

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Depuis quelques années, les articles et les comptes-rendus d’expérimentation relatifs aux systèmes d’information régimentaires et tactiques équipant les unités d’infanterie et de cavalerie font florès. L’artillerie aurait-elle raté le « train de la numérisation » ? Il n’en est rien, l’artillerie s’inscrit efficacement et depuis près d’un demi-siècle dans la numérisation. Nos outils numérisés ont été progressivement développés. Aujourd’hui, ils garantissent efficacement et singulièrement la liberté d’action de nos chefs dans un contexte interarmées et interalliés.

Article rédigé par le lieutenant-colonel FERNANDEZ et paru dans ARTI n°10 de janvier 2008.

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En 1964, grâce à l’achat de licence aux Américains, la défense sol-air s’est dotée du système d’armes HAWK. Le calculateur ANTSQ73, associé aux radars, permettait de repérer un aéronef à plus de 110 kilomètres et d’attribuer à un lanceur les éléments de tir pour le traitement : véritable rupture technologique, l’artillerie entrait de plein pied dans la numérisation.

Conçu dans les années 70 autour du calculateur IRIS 35M équipant le Concorde et les forces nucléaires stratégiques, le système Pluton automatisait toute la chaîne de tir du feu nucléaire pré stratégique depuis la pièce au PC de corps d’armée.

Ce savoir-faire a été repris dans les systèmes canon avec la mise en service du système de tir ATILA (IRIS 73) permettant d’automatiser toute la fonction feu de l’artillerie sol-sol. Associé au système canon de 155mm, il donnait une puissance réelle à l’artillerie, permettant le tir d’emblée. En effet sa capacité à intégrer les différents éléments perturbateurs, à mettre en liaison rapide l’ensemble des acteurs de l’avant et de l’arrière, à transmettre via l’informatique des données, faisait d’ATILA un système novateur dans le combat tactique interarmes.

Les réseaux maillés et les postes à évasion de fréquences ont été développés, au sein de l’artillerie, dans le système HADES, successeur du Pluton.

Ces nouvelles technologies ont offert une base pour développer un système global et fédérateur permettant de traiter tous les appuis feux indirects : ATLAS (automatisation des tirs et liaisons de l’artillerie solsol).

L’artillerie a ainsi depuis longtemps opéré à sa rupture technologique, désormais ses nouveaux outils numérisés contribuent à lui faire « sauter » une étape technique.

Dans le prolongement du système ATLAS LRM, ATLAS assure l’automatisation de l’ensemble des fonctions opérationnelles feux, renseignement, manoeuvre et logistique. Ce système ouvert répond également aux impératifs de modularité car il permet de procéder en cours d’action à des reconfigurations opérationnelles rapides. En outre, il est interopérable avec les systèmes d’information et de commandement nationaux et Alliés (communauté ASCA).

Ce système est le premier, et pour l’instant le seul, système intégré de commandement. Il constitue tout à la fois un système d’information, de calcul, de commandement du niveau 1 jusqu’au niveau 7, soit le lanceur et l’équipe d’observation.

Le système MARTHA offre une vraie capacité de coordination 3D en temps réel grâce à une liaison TAD avec l’armée de l’air, la marine et les Alliés. Il s’intègre dans un environnement SICF et SIR.

A court terme, ATLAS et MARTHA garantiront à l’artillerie la gestion des lanceurs et postes de tirs dans leur intégralité.

La numérisation dans l’artillerie contribue ainsi à garantir la liberté d’action de nos chefs et ce dans un contexte interarmées et interalliés : celui des engagements actuels et à venir.

Par humilité, ou par manque de communication, les artilleurs ont négligé de rendre compte que, depuis près d’un demi-siècle, l’artillerie s’est résolument inscrite dans la numérisation du champ de bataille. Désormais il incombe à chacun d’entre nous à son niveau de responsabilité, convaincu de la fiabilité et de l’efficacité de ces systèmes, de proposer leur emploi judicieux pour aider à la décision et pour appuyer efficacement les forces.


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