Matériels d’artillerie > 03- Matériels anciens > 21- Des débuts à 1914 > Evolutions jusqu’à la 1ère Guerre Mondiale >
Complément : Après 1870, l’artillerie de la revanche
 

Retour

Article extrait de l’historique du 8e régiment d’artillerie.

Après les lourdes défaites de la guerre de 70, l’artillerie a été lourdement mise en accusation. Les canons rayés des entreprises Schneider ont été complètement surclassés par les canons Krupp, rayés, en acier, et à chargement par la culasse.

Dès 1871-, des études sont entreprises qui débouchent sur le système de Bange qui adoptent en fait les points forts de l’artillerie prussienne.

De cette première réflexion sont issus les canons suivants :

  • 80, 90 de campagne modèle 77,
  • 80 de montagne modèle 77,
  • canons de 120 et 155 longs de sièges et côtes modèles 78 et 77 ;
  • mais aussi des mortiers , de 220 et 270 modèle 1880 et 1885 ;
  • enfin le canon de 240 de côte modèle 1884.

Tous ces matériels s’avèrent peu mobiles (voir les caractéristiques sur ce lien.

A la fin du 19ème siècle une pièce tractée ne peut parcourir que 4 km/h et 30 km par jour. Tout matériel supérieur à 5 tonnes nécessite un attelage minimal de 10 chevaux. Par ailleurs quelque soit la valeur balistique du système de Bange, le problème essentiel de l’artillerie n’a pas été résolu : il s’agit du recul.

Ce dernier, nécessite en effet après chaque coup, de remettre la pièce en batterie et de repointer. Pour supprimer le dépointage, la première solution utilisée a été le recours au plan incliné : il faut néanmoins que les pièces soient particulièrement solides pour résister à un tel traitement.

Pour l’artillerie de campagne, la question reste entière car la mobilité et la légèreté des pièces, priment sur toute autre considération. La solution, c’est le frein hydraulique, capable d’amortir le recul et de ramener, grâce à un système de récupérateur, le tube dans sa position initiale, l’affût restant fixe.

L’aboutissement de ces réflexions est le canon de 75mm modèle 1897, qui utilise ce qu’on appelle alors "le lien élastique". Réalisation révolutionnaire qui reste longtemps inégalée à l’étranger. Sa portée pratique en 1914 est de 5500 mètres. Ce qui nécessite de pourvoir chaque batterie d’une grande échelle métallique qui permet à l’officier de tir, de s’y jucher est d’observer son tir à la jumelle, et ainsi de donner les consignes nécessaires oralement.

Le principal inconvénient du "75" d’alors est d’insuffler par ses qualités intrinsèques, un sentiment de supériorité à ses utilisateurs qui en viennent à nier l’utilité de tout autre canon, en particulier de l’utilité de se doter d’une artillerie lourde. La doctrine des "soixantequinzeboutistes" est la suivante. L’adversaire écrasé par le feu intense des "75", n’aura plus d’autres recours que de se terrer dans des trous d’où l’infanterie viendra les débusquer, et là, s’ils essaient de sortir, l’artillerie les étrillera. Cette erreur de perspective aura de lourdes conséquences sur le déroulement des opérations en 1914.


____________

Base documentaire des Artilleurs